Le Groupe des Organisations Féminines pour l’Egalité Hommes-Femmes (GOFEHF) a initié une étude afin de disposer de données chiffrées sur la représentativité des femmes aux postes décisionnels dans l’administration publique et dans les autres instances de prises de décision. Les premiers résultats sont en défaveur de certaines administrations qui tentent de se rattraper.
On ne pourra plus dire que les ONG parlent sans preuves. Après son analyse chiffrée des candidatures des femmes des partis politiques aux législatives de 2016 et l’étude du journal officiel sur les nominations faites en conseil des ministres, le Groupe des organisations féminines pour l’égalité hommes-femmes (GOFEHF) revient à la charge.
Les animatrices du GOFEHF, chapeautées par Rachel Gogoua, mènent cette fois une étude sur la représentativité des femmes aux postes de décision dans l’administration publique. Les résultats ne sont pas encore publiés mais l’étude fait déjà effet, selon les initiatrices.
« Les premières données confirment la sous-représentation des femmes. Pour ce qui est des femmes membres du gouvernement, le chiffre est déjà connu avant même cette étude. Il y a un effet bonifiant qui est tel que des ministères voyant que les données ne sont pas très reluisantes se sentent interpellés et il y a un processus de rattrapage qui pour nous est le bienvenu», se félicite Kamara Mylène Soro, secrétaire générale du GOFEHF
De quoi s’agit il ? Selon l’interlocutrice, lorsque des ministères constatent qu’ils n’ont aucune femme à un poste de décision et que ce chiffre va apparaître dans une étude, ils sont gênés. « Quand il y a une possibilité de nomination immédiate, ils la saisissent pour nommer la femme avant de fournir ces données ». Certains font aussi des mises à jour. Selon les explications de Mme Soro, les mises à jour concernent ceux qui avaient déjà fournis leurs statistiques. « Après de nouvelles nominations, ils viennent vers nous pour que leur chiffre soit mis à jour avant que l’étude ne sorte. Pour nous, c’est une dynamique. »
La secrétaire générale du GOFEHF précise les motivations d’une telle étude.
« Nous sommes confrontées à l’épineuse question des statistiques. La collecte des statistiques saines et rigoureuses est très coûteuse. Dans nos pays nous avons tellement d’urgence qu’on ne met pas toujours les moyens pour collecter les données sur la question des promotions des femmes. Souvent quand nous disons que les femmes ne sont pas promues, les gens ne comprennent pas ».
Le GOFEHF a voulu avoir une approche plus scientifique. C’est à dire faire un état des lieux de la situation sur le terrain. Ce qui permet même à chaque administration de se rendre compte de ses propres réalités.
Dans sa démarche, le GOFEHF indique avoir contacté tous les ministères et les structures associés aux différents ministères. Ces structures et ministères ont fait remonter les différentes données, à en croire ce groupe de la société civile. Le 17 mai 2018, l’étude qui est à un état avancé a été présentée aux ministères. Les ministères qui n’avaient pas fourni leurs données ont compris la pertinence et travaillent à fournir des statistiques.
Une fois publiée, cette étude deviendra une base de données importante aussi bien pour les décideurs, pour les partenaires que pour tous ceux qui travaillent sur le genre. Sa publication est attendue avant fin 2018. Pour l’heure, seul est concerné le secteur public.
Nesmon De Laure
Source : Pôleafrique.info