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Existe-t-il une solution africaine au terrorisme dans le Sahel ?  

Mis à jour le 8 juin 2021
Publié le 08/06/2021 à 7:04

Les djihadistes, tapis dans la zone sahélienne d’Afrique de l’Ouest, continuent d’endeuiller les familles. Les nombreuses réunions du G5 et la présence des forces étrangères semblent n’avoir aucun effet sur la nébuleuse. Pourtant, selon les spécialistes, une solution africaine pourrait répondre efficacement à ce problème.

Une attaque meurtrière dans le nord du Burkina Faso a fait plus de 160 morts. Ils étaient en majorité des civils hommes, femmes et enfants. Le pays indigné par cette barbarie a décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes. Un fait devenu habituel depuis plusieurs années. Et les attaques djihadistes s’intensifient dans la zone dite de trois frontières (Mali-Burkina-Niger). Les terroristes prennent de l’assurance et gagnent du terrain malgré les efforts du G5 Sahel appuyé par la force française barkhane.

Les Africains s’interrogent. Les Chefs d’État de la sous-région peuvent-ils trouver une solution à la crise au Sahel ? Selon Kipré Paul, enseignant-chercheur et spécialiste des questions sécuritaires, des solutions existent.

« Au niveau africain, il existe depuis plus de 50 ans des réponses aux problématiques des violences collectives. Elles ont commencé par l’ANAD (Accord de non-agression en matière de Défense) et le PAM (Programme d’assistance mutuelle en matière de Défense). Les sièges de ces deux organisations étaient à Abidjan. Ils ont réglé des conflits notamment le conflit Mali et Burkina où la Côte d’Ivoire a laissé un hélicoptère à terre et quatre soldats ? »

Après cela il y a eu ECOMOG 1 et 2, Sierra Leone 1 et 2, Liberia 1 et 2. Ce qui signifie qu’il y a une culture au niveau de la CEDEAO pour résoudre les conflits. Vous avez vu que pour répondre à ces attaques, le G5 s’est vite constitué, la MINUSMA aussi et d’autres forces. Donc il existe des solutions africaines aux problèmes de violences collectives et donc du terrorisme au Sahel », assure l’enseignant-chercheur.

 

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Des décisions avaient été prises par les Chefs d’État africains lors du 7e sommet du G5 au Tchad. Le défunt maréchal Idriss Deby, alors président du Tchad, avait milité pour une autonomisation de la force Coalition pour le Sahel. Emmanuel Macron, le président français a recommandé de « passer à une nouvelle étape, d’aller plus loin et plus fort sur la mobilisation collective en matière de lutte contre le terrorisme et de consolidation de notre structuration militaire », mais également « d’avoir sur le plan politique et civil le même sursaut ».

Invitait-il ici les Africains à prendre le taureau par les cornes en menant des actions concertées afin de vaincre le terrorisme dans la région ? Faut-il négocier ou mener des raids militaires contre les djihadistes ?

« L’ECOMOG a porté plusieurs noms, mais il y a la force africaine en attente. La CEDEAO, l’Union africaine, la CEMAC et d’autres organisations africaines ont leurs propres états-majors.  Mais la question est de savoir si c’est la CEDEAO qui est menacée par les attaques djihadistes ou si c’est la paix dans le monde qui l’est. Il y a de la réflexion à mener à ce niveau. Il va falloir définir des priorités pour lutter contre le terrorisme. Il ne faut en aucun cas négocier avec les djihadistes. »

« On peut négocier avec des groupes rebelles au sein des pays, mais pas avec des personnes qui ont la volonté d’installer un « Kalifa ». Une idéologie d’un autre siècle. Les solutions sont donc d’abord locales, car il faut mutualiser les états-majors avant de mutualiser la coopération et les forces internationales. C’est l’occasion de mettre en place un concept d’opération unique pour tous ces pays. Une défense commune », préconise l’Universitaire.

La date du prochain sommet du G5 n’est pas connue. Pendant ce temps, les djihadistes poursuivent leurs funestes ambitions dans le Sahel. La terreur demeure aux portes ouest-africaines.

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