Côte d’Ivoire Défense

FACI- L’ex-aide de camp du ministre Hamed Bakayoko part et fait pleurer l’armée

Mis à jour le 27 août 2018
Publié le 21/01/2018 à 6:11

« Ehéé, à cette heure-ci, elle se demande ce que nous faisons, ce que deviennent ces deux enfants » lâche une parente de celle qui jusqu’à la date fatidique du 17 décembre dernier était encore pleine de vie et de joie et travaillait en tant que aide de camp du ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko.

10h43 mn à N’koumiakro, sous-préfecture de Bodokro. C’est fini. Le cercueil de celle qui aura été l’ex-lieutenant Koko Israël Eliane Ahou rentre dans la tombe tenu par six jeunes hommes du village.

Auparavant, à 10h37 mn, le cercueil avait été sorti dans un silence glacé, sous ce chaud soleil d’harmattan, du véhicule 6208 HL 01 affrété par Ivosep. Le véhicule a roulé sans encombre. Signe qu’Eliane n’avait aucune récrimination à faire à qui que ce soit. Elle a obéi aux ordres et marqué dignement le garde-à-vous rythmé par l’hymne aux morts.

A cet instant, le jeune officier de gendarmerie Emelie Yao et sa sœur d’arme des FACI Mariette Dagui ne peuvent plus masquer leur douleur : elles éclatent en pleurs. Une autre, militaire, elle-même en pleurs, tente tant bien que mal de calmer Emelie qui ne peut se retenir et laisse éclater son chagrin confiné en elle. Parents, frères d’arme, qui avaient bravé la douleur dont un adjudant, remuant la tête pour signifier son refus d’accepter l’implacable vérité, pleure à chaude larme. Un autre du génie militaire de Bouaké, mange son chapeau pour étouffer ses cris, il pleure.

On ne sent pas le soleil et son dard. Le pas est lourd comme pour refuser de tourner dos à Eli. « Ahou, c’est affaire qui est devenue affaire sur nous comme ça ! » lance sa tante en larmes en baoulé.

Au moment où le Directeur de cabinet, M.Malan, le chef de cabinet, M.Kodjané et tous leurs collaborateurs, dignes dans la douleur, tournent le dos à leur ex-collaboratrice, des cris déchirent la foule. Nul ne veut affronter ces visages inondés par les larmes. Les têtes sont basses et le regard fixe. Chacun se retient tant bien que mal. La douleur est forte.

« Elle sera capitaine à titre posthume » soutient un militaire.

Bien avant l’étape du cimetière à l’entrée du village paternel, les interventions d’usage ont été prononcées en présence du ministre Sidi Touré, fils du pays « gôli » arrivé de Béoumi et des émissaires des Forces armées de Côte d’Ivoire et du cabinet du ministre Hamed Bakayoko.

Le porte-parole de la famille Afian Koko a témoigné que « dès le départ, le ministre d’Etat, ministre de la Défense a été au secours de Koko Ahou Eliane. Il a même sauvé sa mère qui se trouvait dans une situation difficile, intervention qui nous a évité deux corps sur les bras, nous lui disons merci » a indiqué Kouakou Loukou Roger.

« L’appui de l’Etat montre la valeur de notre sœur et de son efficacité dans l’exercice de son travail » fait savoir M.N’goran, fils du village chargé de mener les interventions au nom de la chefferie.

L’Etat ne s’est pas dérobé à son rôle d’assistance en pareille circonstance. Du Chef de l’Etat au ministre de la Défense en passant par le Premier Ministre, 10 millions FCFA ont été réunis pour un soutien financier à la famille éplorée dont 7 millions FCFA pour les deux enfants d’Eliane.

La famille a traduit sa reconnaissance au ministre Hamed Bakayoko qui a pris toutes les charges organisationnelles depuis Abidjan. Le Directeur de cabinet, M.Malan a donné les « nouvelles », indiquant que « depuis mi-décembre, notre collaboratrice, collègue, amie nous a quittés dans des conditions difficiles. Le Ministre de la Défense, représenté par le ministre Sidi Touré nous a envoyés présenter ses condoléances et saluer la famille. Il a fait tout ce qui, humainement, pouvait être fait pour sauver notre collaboratrice, amie et collègue. Très vite tout le ministère de la Défense s’est mobilisé autour de la famille. Le ministre de la Défense demande d’accepter ce qui est arrivé, il faut que ceux qui n’ont pas la foi l’ait pour supporter cette épreuve, nous disons « yako » à la famille, à la communauté du village et à Nanan (le chef de village). Priez, priez beaucoup pour que Dieu l’accueille dans son paradis. Le ministre de la Défense a été très affligé par cette perte et le Président de la République a été informé » a indiqué le directeur de cabinet du ministre Hamed Bakayoko.

Pour la prière, la chorale de la paroisse de Bodokro a élevé la voix afin que Jésus-Christ tende la main à Eliane. « Jésus-Christ, pardonne nos péchés, aie pitié de nous » chantait-elle en baoulé et le curé a lu la 1è lettre de l’Apôtre Paul aux Thessaloniciens. Dans l’imploration, les fidèles catholiques ont rappelé qu’il ne faut pas pleurer. « Ne pleure pas frère, Dieu a repris sa chose » chantait la chorale avant que l’officiant ne rassure l’assemblée que Dieu « participe à la résurrection » car qui a cru en Jésus-Christ vivra éternellement.

Ces paroles de foi n’ont tout de même pas atténué la douleur des hommes, des femmes, des jeunes. Un des frères de la défunte lutte, se retient et finit par éclater en sanglots. Une autre laisse perler les larmes sous sa paire de lunettes ray-band. Eliane a fait des « victimes » mais est partie dans la joie.

Adam’s Régis SOUAGA et Lucien AHOUSSI, Envoyés spéciaux

Source : Rédaction PôleAfrique.info

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