Encore une grève pour dire non à la cherté de la vie en Côte d’Ivoire. Après les propriétaires de points de vente mobile money, ce sont les vendeurs et propriétaires de garbadromes qui annoncent un arrêt de travail. Le samedi 20 août 2022 est déclaré ‘’journée sans garba’’ sur l’ensemble du territoire national. Une action qui vise à réclamer le respect d’un décret pris sur le prix du poisson thon.
La nouvelle ne va sûrement pas plaire aux amateurs de garba. Ce mets composé de semoule de manioc et de poisson thon frit, très adulé par les populations en Côte d’Ivoire, ne sera pas vendue dans quelques jours.
Dans une vidéo devenue virale sur la toile, Kafando Issa, le secrétaire général de la Fédération des vendeurs et propriétaires de garbadromes lance un mot d’ordre de grève dans ce secteur d’activité. L’arrêt de travail est prévu le samedi 20 août 2022 et est dénommé ‘’journée sans garba’’ sur l’ensemble du territoire national.
A cette grève sera également associée une marche au port de pêche à cette même date. Joint par 7info, Samba David, l’initiateur de la marche en donne les raisons.
« Le président de la République, pour alléger le coût de la vie qui est devenu très alarmant, a pris un décret le 22 décembre 2021 portant plafonnement du prix du poisson thon. Un plafonnement qui est fixé à 400 FCFA pour la première chaîne de distribution qui est le grossiste, à 600 FCFA pour le demi-grossiste, à 650 FCFA pour le détaillant qui lui à son tour le vend à la masse à 850 FCFA. Malheureusement ce décret n’a jamais été respecté puisqu’au lieu de 850 FCFA sur le marché, le prix du thon oscille entre 1200 et 1300 FCFA à Abidjan et à 1600 FCFA pour ce qui est de l’intérieur du pays. Alors quand le coût est élevé, les poissons qui coûtaient 200 FCFA ou 250 FCFA vont certainement disparaître ou le coût va évoluer. Ce qui fait que le garba n’est plus à la portée de tous. Après plusieurs interpellations nous avons donc décidé de nous joindre à cette grande marche et à la fermeture de tous les garbadromes en guise de protestation contre le coût du prix du thon », révèle Samba David.
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« Nous ne sommes pas informés »
Si les initiateurs de ces manifestations montrent leur engagement, l’information n’est pas connue de tous chez les acteurs sur le terrain. Les vendeurs de garba disent ne pas être informés de la décision d’arrêt de travail.
Mahammad, un vendeur de garba dans la commune de Cocody, marque son étonnement. Toutefois il indique son désir de participer à la protestation si elle est effective.
« Nous ne sommes pas informés de cette grève. Mais nous sommes là et nous regardons pour voir comment cela va se passer. Si tel est le cas nous allons y participer », nous confie-t-il à 7info
Pour certains consommateurs l’initiative est bonne mais difficile à accepter.
« Pour lutter contre la cherté de la vie nous sommes d’accord. Au fur et à mesure que nous évoluons les choses deviennent compliquées. Le marché devient plus cher, mais le garba c’est notre quotidien. Une journée sans le garba sera franchement difficile », explique Kouassi Jean-Marc, un consommateur.
« La grève ne m’arrange pas parce que moi je dois manger du garba. Je ne peux pas manger autre chose. Le garba ou rien ! je n’approuve pas cette grève parce que le prix m’arrange », renchérit une autre consommatrice sous le couvert de l’anonymat.
Notons que suite à son appel à la marche contre le non-respect du décret portant plafonnement du prix du poisson thon, Samba David a été convoqué ce jeudi 18 août 2022 à 15 heures à la Préfecture de Police d’Abidjan.