L’autre actualité après le Coronavirus demeure la disparition du FCFA au profit de l’ECO. Pour mieux comprendre les implications de la nouvelle monnaie, des acteurs tentent de donner quelques explications. Félix Tanon, diplomate et conseiller du Président de la République Alassane Ouattara, assure qu’un grand pas pour l’autonomisation financière du continent a été franchi.
Le nom change mais la valeur demeure. Le FCFA disparaîtra pour faire à l’ECO, la nouvelle monnaie de la CEDEAO. La France a acté la fin de l’ancienne monnaie considérée comme l’un des derniers symboles de la colonisation. Mais pour atteindre cet objectif, plusieurs échanges entre pays de l’UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) et la France ont eu lieu. Et selon le diplomate Félix Tanon, les résultats obtenus sont encourageants.
« Quand le 29 juin 2019, les Chefs d’État et de gouvernement prennent la décision d’appeler la future monnaie unique de la CEDEAO ECO, le FCFA voit en cette décision sa « mort prochaine ». Voilà pourquoi, les États membres de L’UMOA anticipent en faisant disparaître le FCFA pour créer l’ECO. Pour ce faire, les États membres de L’UMOA décident de revisiter l’Accord sur cette monnaie qui les lie à la France. Au-delà du nom, ces pays de l’Afrique profitent pour réajuster certaines modalités de cet Accord notamment, les réserves déposées dans la banque du trésor français et la présence des français dans certains organes de décision de la gestion de la monnaie. Mais ces modifications n’ont rien à voir avec la CEDEAO. Les États membres de la CEDEAO sont justes informés puisqu’elles ne concernent pas la CEDEAO. Il s’agit d’une décision des utilisateurs de cette monnaie. Ces questions reviennent souvent. Pourquoi l’ECO n’est-t-elle pas une monnaie flottante ? Pourquoi la parité fixe avec l’Euro? et pourquoi la France continue de garantir la solvabilité de l’ECO ? » s’interroge-t-il avant d’apporter des réponses aux questions que se posent aussi des millions d’Africains.
Selon lui, ce changement contribuera a donné plus de valeur aux échanges économiques de la sous-région avec l’Europe, même si le Nigéria n’a pas pris la décision définitive de rejoindre l’ECO.
« J’apprécie la sagesse et ou la prudence avec laquelle ces pays avancent dans la gestion de leur désapparentement avec la France concernant leur monnaie. Le risque d’inflation était aux portes de leurs États membres. Pour faire sauter la parité fixe, la discussion doit se faire avec les États membres de la Zone Euro. Ce sera un long processus qui doit être examiné avec beaucoup d’attention. En interne, j’ajouterai que comme pour les Accords de Partenariat Économique, le Nigéria ne donne pas de signaux clairs sur son engagement pour la création de cette monnaie à court terme. Les performances économiques de la région qui sont satisfaisantes ne permettent pas de miser sur l’aventure » fait savoir l’expert.
Le processus n’est donc pas fini. L’indépendance économique des pays africains et notamment ceux de la Zone CFA est toujours en marche. Selon le diplomate, il faudra encore du temps et des discussions avec tous les pays de l’Union Européenne devront être engagées, pour permettre à l’ECO de s’affranchir définitivement de la domination occidentale.
« La disparition du FCFA dépend des États membres de L’UMOA. L’Accord doit satisfaire les États membres seulement de l’UMOA. Des pays de la CEDEAO n’ont pas à apprécier outre mesure, sauf de prendre acte. Le marché commun de la CEDEAO est en marche. Le Président Houphouët-Boigny a fait beaucoup de sacrifices pour rendre performante l’UEMOA. Aujourd’hui nous sommes les plus grands bénéficiaires. La CEDEAO des peuples, c’est maintenant » encourage Félix Tanon.
Eric Coulibaly
7info.ci