Dans le conflit ouvert au Fonds de développement de la formation professionnelle (FDFP) entre Joël N’Guessan et Ange Leonid Barry-Battesti, la suspension du secrétaire général de cette structure a été prononcée par le président du comité de gestion. Mais est-ce que la loi lui permet-il de prendre une telle décision?
Joël N’Guessan, président du comité de gestion (PCG) du Fonds de développement de la formation professionnelle (FDFP) a procédé le vendredi 20 août 2021 à la suspension d’Ange Léonid Barry-Battesti de ses fonctions de secrétaire général. Il l’a remplacé par Hassane Ouattara, l’un des conseillers du PCG. Selon le PCG sa décision est motivée par un rapport d’audit qui « accable » le secrétaire général.
« Faisant suite au rapport d’audit de l’inspection générale de l’État (IGE) qui m’a été transmis, je vous informe que vous êtes suspendu de votre fonction de Secrétaire général du FDFP à compter de ce jour. Cette mesure est prise à titre conservatoire pour préserver l’image de notre institution entachée par une campagne de presse négative sans précédent depuis quelques semaines » , a-t-il mentionné dans un courrier adressé à Ange Léonid Barry-Battesti.
De fait, plusieurs anomalies ont été constatées dans la gestion du FDFP. À la page 19 du rapport de l’audit réalisé, il est fait mention d’un montant de 3 milliards 790 millions FCFA dépensés et non justifiés.
« Les amortissements relatifs au projet immobilier pratiqué à fin 2019 s’élèvent à 3,79 milliards FCFA. Cela représente le cumul des amortissements pratiqués depuis le début de l’opération en 2012. Malgré la demande faite par la mission, le fond du dossier lié au projet immobilier n’a pas été mis à sa disposition », mentionne le rapport de l’audit dont 7info s’est procuré copie.
Le collège des employeurs s’oppose à Joël N’Guessan
Pour le collège des employeurs du Fonds de développement de la formation professionnelle, la décision de Joël N’Guessan, est nulle et de nul effet. Les employeurs dénoncent une décision prise de façon “unilatérale“.
« Le Collège des Employeurs s’étonne de la tenue de la session du Comité de Gestion du 20 août 2021, à laquelle il n’a pas été invité et au cours de laquelle ces décisions ont été prises », indique un communiqué publié le lundi 23 août 2021.
Et de poursuivre : « Le collège des employeurs ne se reconnaît pas dans la décision unilatérale prise par le Président du Comité de Gestion du FDFP de suspendre l’actuel Secrétaire général et son remplacement par un intérimaire ».
Et la loi dans tout ça ?
Pour Me Suy Bi Emile, un avocat au barreau d’Abidjan, le président du Comité de gestion du FDFP, Joël N’Guessan a pris la décision qui s’impose en pareille situation.
« Il a procédé à une suspension. C’est une mesure conservatoire en attendant que l’autorité compétente, le président de la République prenne sa décision. C’est une règle qui est valable dans ce genre de situation. Si ce n’est pas l’autorité supérieure qui a procédé à la nomination du mis en cause, elle peut le suspendre pour des besoins d’enquêtes, mais elle n’a pas compétence pour le limoger. Nous avons l’exemple du scandale des déchets toxiques. Le Premier ministre Charles Konan Banny avait procédé à la suspension des directeurs généraux du Port autonome d’Abidjan et de la Douane. Comme ce n’est pas lui qui les avait nommés, il les a suspendus simplement. Laurent Gbagbo, le président de la République de l’époque, les avait confirmés dans leurs fonctions », explique-t-il à 7info qui l’a joint.
Depuis le lundi 23 août 2021, le secrétaire général du FDFP, Ange Léonid Barry-Battesti est à son poste. Il vaque à ses occupations. Hassane Ouattara, le nouveau promu, lui, brille par son absence. Désormais la quiétude au sein du FDFP est troublée par le bras de fer qui oppose Joël N’Guessan et le secrétaire général de cette structure.