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Fermeté contre la Guinée, la CEDEAO fait-elle le bon choix ?

Mis à jour le 28 septembre 2022
Publié le 28/09/2022 à 6:00 , , , , , , , ,

De la junte guinéenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) attend jusque-là un chronogramme précis de la transition. Impatiente, l’organisation sous-régionale monte au créneau et menace.

 

Des sanctions en vue contre les autorités guinéennes. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage cette option. Le 22 septembre 2022 à New York, à l’issue d’un sommet extraordinaire, les leaders de la sous-région ont décidé la fermeté face au Lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya et ses collaborateurs au pouvoir.

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« Il a été arrêté la prise de sanctions progressives sur des individus et contre la junte guinéenne », a fait savoir la CEDEAO.

Une prise de position qui n’est pas nouvelle. L’organisation sous-régionale, on se rappelle, avait décidé et imposé courant janvier 2022, des sanctions contre les autorités maliennes de qui, elle attend également un calendrier clair de la transition. Mais le colonel Assimi Goita et ses collaborateurs n’avaient pas obtempéré. Créant une tension avec la CEDEAO.

 

Quel retour à l’ordre constitutionnel ?

Selon Seidick Abba, journaliste-écrivain et spécialiste des questions africaines, la situation avec le Mali ne doit pas influencer les décisions de la CEDEAO sur la Guinée.

« Le fait qu’il y ait des tensions avec la junte malienne ne doit pas accepter le comportement de la junte guinéenne. Dans un cas comme dans l’autre, que ce soit la junte guinéenne ou la junte malienne, ce n’est pas acceptable. Et la CEDEAO a raison de durcir le ton. Par contre, on a vu que la CEDEAO a relevé des progrès dans la junte burkinabè. C’est cela la vraie question. Ce n’est pas parce que les gens n’aiment pas la junte guinéenne ou la junte malienne. C’est plutôt parce qu’il y a des problèmes par rapport à la feuille de route et par rapport aux engagements que les deux pays ont pris auprès de la CEDEAO pour un retour à l’ordre constitutionnel », analyse-t-il pour 7info.

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Depuis  le coup d’État qui a renversé le président Alpha Condé en septembre 2021, les militaires sont de retour au pouvoir en Guinée. Des échanges avec des émissaires de la CEDEAO en vue d’établir un chronogramme de la transition, n’ont jusque-là pas porté de fruit. Plusieurs propositions allant de 36 mois à 24 mois avaient été faites tant par la junte que par la CEDEAO. Rien n’a jusque-là été confirmé par Conakry.

Pour Dr Geoffroy-Julien Kouao, un politologue et essayiste ivoirien, la Guinée est différente du Mali, mais la CEDEAO devrait changer de méthode.

Mettre l’accent sur la bonne gouvernance

« Deux à trois ans de transition devraient suffire. Seulement la CEDEAO doit changer son logiciel d’action. Les sanctions, les menaces, ne marchent pas. Par ailleurs, elle doit mettre l’accent sur la bonne gouvernance. Parce qu’à l’observation, il n’y a pas de différence de gouvernance entre les régimes civils et les régimes militaires.

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Dans les deux cas, les gouvernants s’enrichissent au détriment du peuple. Exception faite du Cap-Vert, les 14 autres États sont des autocraties électorales », analyse pour 7info, le spécialiste ivoirien.

Déjà, les militaires au pouvoir dans le pays n’apprécient pas les prises de position de la CEDEAO dans leur gestion du pays.

Une liste de personnes à sanctionner de manière graduelle, et les sanctions prévues par la CEDEAO devraient être connues sous peu.

Richard Yasseu

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