La cérémonie commémorative de la fête de l’indépendance était célébrée jusque-là à Abidjan au palais présidentiel. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. La focalisation sur la capitale économique de la Côte d’Ivoire n’est intervenue qu’à partir de 1980. Bien avant, la fête était tournante et de nombreuses villes de l’intérieur du pays l’ont accueillie.
La décision de faire vivre cette célébration dans les localités de l’intérieur a été prise par feu le président Félix Houphouët-Boigny. Selon ‘’La Note diplomatique’’, un bulletin d’informations qui existait au ministère des Affaires étrangères, c’est le 28 juillet 1964 que le premier président ivoirien a choisi de célébrer la fête nationale à Abidjan une fois tous les cinq ans.
« Ce sera l’époque des « fêtes tournantes », un néologisme pour marquer la décentralisation de ces célébrations d’Abidjan, et leur organisation dans les métropoles de l’intérieur du pays. Une délocalisation qui signifiait dans l’entendement du président Houphouët, opportunité d’apporter le développement dans ces villes par la construction d’infrastructures adéquates », fait savoir le document.
Dans la pratique, cette politique du premier président ivoirien donnait un caractère carnavalesque à la fête nationale en même temps qu’elle donnait une fière allure à la ville hôte, désormais, dotée d’infrastructures ultramodernes.
Depuis 1964, douze villes de l’intérieur ont accueilli cette fête. Bouaké est la première où est célébrée en 1964 l’indépendance dans le format tournant. L’année suivante est celle de Korhogo. À la différence de Bouaké où le temps n’a pas permis la réalisation d’infrastructures, cette ville du nord va voir la construction de l’hôtel Mont Korhogo et la création de toutes pièces d’un nouveau quartier, le quartier Soba.
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En 1966, la fête revient à Abidjan selon la rotation de cinq ans. C’est ensuite la ville de Daloa qui l’accueille en 1967. Puis, Abengourou prend le relai en 1968 avant de faire la passe à Man en 1969. On se souvient que c’est à l’étape de Man que le président Félix Houphouët-Boigny a fait un passage sur le pont de lianes dont des images ont été reprises sur des cartes postales. Gagnoa et Bondoukou deviennent à leur tour les capitales de l’intérieur lors de cette célébration respectivement en 1970 et 1971.
En 1972, alors que le tour devait revenir à Abidjan conformément à la rotation, c’est Odienné qui accueille la fête. Son étape lui vaut les constructions d’un Stade omnisport dénommé le Stade Mamadou Coulibaly, de l’Hôtel Denguélé, d’un centre commercial à la place Vacaba d’Odienné et la mise en service d’un cinéma, le Kabadougou. Ce sont les éditions de 1973 et 1974 qui reviennent finalement à Abidjan, avant que Dimbokro n’accueille la célébration en 1975.
Abidjan reçoit à nouveau la fête en 1976 et 1977. Puis Séguéla prend le relai en 1978. Katiola est la dernière localité de l’intérieur à accueillir la fête de l’indépendance en 1979. Depuis, toutes les célébrations ont lieu à Abidjan. Ce jusqu’à la récente décision de faire cette fête à Yamoussoukro. Est-ce le signe d’un retour aux célébrations tournantes ? La question reste posée.