Le Président du Conseil d’Administration du Conseil du Café-Cacao, Lambert Kouassi Konan a procédé le jeudi 30 Mars, à la cérémonie d’ouverture de la campagne intermédiaire de commercialisation de cacao 2017. Le prix du cacao est fixé à 700F/KG.
Le conseil café-cacao lui, se veut ferme face aux opérateurs de la filière. « Ce prix est un prix réaliste en dessous duquel il n’est pas permis de descendre. Ceux qui s’amuseront à le faire seront poursuivis » met en garde Lambert Kouassi Konan.
L’annonce du prix a surpris plus d’un du côté des producteurs. Le prix d’achat du cacao est fixé à 700 F/ KG bord champ pour la campagne intermédiaire 2017. « Nous nous attendions au prix de 500F/KG et donc nous sommes agréablement surpris par cette annonce du Conseil Café-Cacao» se réjouit un producteur de la région de Man, à l’Ouest de la Côte d’Ivoire.
Les 60.02 % du prix CAF de référence restent garantis. « La taxe d’enregistrement au titre de la campagne intermédiaire 2016-2017 passe de 5% à 0% et la parafiscalité passe de 2.4% à 1.685%» a annoncé Lambert Kouassi Konan, Président du Conseil d’Administration du Conseil du Café-Cacao.
Une annonce qui réjouit au plus haut point les producteurs. « Nous disons merci au conseil qui a pris son courage à deux mains pour donner ce prix. Cela n’a pas été facile vu ce qui s’est passé au niveau des stocks de la campagne principale. Heureusement, la majeure partie des producteurs a pu écouler ses stocks. Avec ce nouveau prix, la commercialisation va se passer de façon régulière» se réjouit Stanislas Koffi Kouadio, PCA d’une coopération productrice de cacao de Touih, dans la région San-Pédro.
Un nouveau prix qui n’arrange pas forcement les producteurs dont les stocks sont encore en magasin. « La réalité c’est qu’il y a encore du stock et nous sommes désolés, il va redescendre dans le nouveau prix donc à la baisse. Ce qui est un manque à gagner pour nous mais c’est une question de survie pour pouvoir se dépanner » se résigne Obed Blondé Doua, président de l’Union Interrégionale des Coopératives Agricoles de l’Ouest.
Depuis des mois, des fèves de cacao de la campagne principale sont encore en souffrance dans les ports d’Abidjan et de San-Pedro. Et plus de « 500 tonnes de cacao à Man, Duékoué et Soubré, villes de l’ouest du pays » selon Lambert Kouassi Konan. Le Président du Conseil d’Administration du Conseil du Café-Cacao tente d’expliquer les raisons de « ce ralentissement de commercialisation qui a entraîné une accumulation des stocks évaluée à 39% ».
L’effondrement des prix sur le marché international, passant de plus de 1800 francs à un peu moins de 1300 francs cfa le kilogramme de fèves, la surproduction liée à l’abondance des pluies, la défaillance des certains opérateurs ou encore l’impact des événements militaires de Janvier dernier seraient entre autres facteurs qui ont conduit au ralentissement de la commercialisation.
Mais, les producteurs, eux, restent tout de même sceptiques quant à l’application réelle du nouveau prix sur le terrain. « Les acheteurs ont tendance à dire que le conseil café-cacao ne leur a pas donné de l’argent pour payer le cacao et donc le conseil ne peut pas fixer le différentiel pour eux. Du coup, ils font de la rétention de l’argent physique. Et nous les producteurs nous avons faim, nous avons des charges familiales, de besoins et donc nous sommes obligés de leur vendre le produit au prix qu’ils souhaitent. Tant que le cash va continuer de circuler dans les achats bord champ, les spéculations ne manqueront pas» explique un producteur de la région de Bouaflé.
« Si le système mis en place par le conseil café-cacao n’est pas revu, les exportateurs sont capables, à la longue, de révolter les producteurs. Même au port, les exportateurs fixent leur propre prix, c’est à prendre ou à laisser » déplore Siafa Mandinga, producteur dans la région Bafing.
« Il faut que le gouvernement réussisse à imposer la bancarisation dans le secteur cacao. Que tous les producteurs acceptent de se faire payer à la banque et ceci pourra redynamiser les organisations professionnelles agricoles que nous sommes» préconise-t-il.
Pour Zogbo Raphaël, président d’une coopérative exportatrice dans la région de Daloa, « Il n’y a pas de raison qu’on se gruge». Les exportateurs sont dans l’obligation de respecter le prix n’ayant pas assez de moyens financiers. « Nous prenons les produits de nos propres membres (ndlr : producteurs de la région de Daloa) donc quel que soit le prix nous sommes tenus de le respecter. Ce sont plutôt les individus exportateurs qu’il faut cibler» dénonce-t-il pour sa part.
Le conseil café-cacao a tout même invité les acteurs de filière cacao a mené ensemble des pistes de réflexions en vue de trouver des solutions innovantes au système de commercialisation du cacao.
Salimatou DIA
Source : Rédaction Politikafrique.info