« Le gouvernement ivoirien est contraint par le Fonds monétaire international d’augmenter ses recettes intérieures en frappant sur les secteurs productifs », a soutenu Justin Koné Koné Katinan, porte-parole du PPA-CI. C’était le jeudi 15 juin 2023 à Abidjan-Cocody, à l’occasion d’une tribune de son parti.
« C’est le gouvernement qui a demandé d’augmenter le coût des datas. C’est un produit, si tu ne peux pas augmenter le taux de la TVA, tu augmentes ton produit. C’était la première tentative des mesures imposées par le FMI », a relevé Koné Katinan.
Comme ça n’a pas marché, “il faut augmenter l’électricité”. Quand vous dites que vous avez exclu les classes sociales, mais quelle est l’entreprise qui va produire et venir vendre à perte ? S’interroge le porte-parole de Laurent Gbagbo.
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Pour Koné Katinan, le gouvernement s’est longtemps complu dans la propagande au lieu de travailler à combler le déficit énergétique dans un pays en forte croissance démographique.
« A un moment donné, il faut arrêter la propagande. Demander au gouvernement, depuis 2011, combien de mégawatts supplémentaires ont été produits en dehors de ce qu’ils sont venus trouvés. Vous créez forcément un déficit », a-t-il regretté.
Mauvaise gestion, mauvaise planification, corruption, sont les maux qui expliqueraient cette mise sous “aspirateur” de l’économie ivoirienne par les institutions de Bretton Woods.
Le gouvernement ivoirien a décidé d’augmenter les prix de l’électricité pour des ménages, les professionnels et les entreprises, à compter du 1er juillet 2023.
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La hausse concernera 412 000 abonnés, d’après les évaluations du ministère de l’Énergie, soit 11% des abonnés de Côte d’Ivoire. Les professionnels, et les particuliers dont l’abonnement atteint ou dépasse 15 ampères, verront leur tarif augmenter de 10%, et ceux qui utilisent la moyenne tension et la haute tension, de 15%. Cet ajustement des tarifs devrait permettre à la Côte d’Ivoire de réduire la perte d’exploitation du secteur de 76 milliards FCFA, soit 115 millions d’euros.
Selon le ministère de l’Energie, avec 2 230 MW, la Côte d’Ivoire a atteint un taux d’électrification de 90% en zone urbaine. En zones rurales, il dépasse à peine 30%. Il faudra faire monter en puissance la capacité de production du pays pour atteindre 5 000 MW, soit plus du double, en 2030.
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« L’économie ce n’est pas du blim blim. C’est des priorités. Quand vous prenez de la dette et que vous investissez, il faut que dans les dix ans avant que vous commenciez à rembourser, pendant la période de grâce, votre investissement vous permette de faire face au remboursement », a-t-il indiqué.
Quel type d’aide financière le FMI offre-t-il ?
Contrairement aux banques de développement, le FMI n’accorde pas de prêts pour des projets spécifiques. Il apporte aux pays touchés par des crises le ballon d’oxygène financier dont ils ont besoin pour mettre en œuvre des politiques publiques destinées à rétablir la stabilité économique et la croissance. Il accorde également des financements à titre de précaution pour aider les pays à prévenir les crises. Les instruments de prêt du FMI sont en constante évolution pour répondre aux besoins changeants de ses pays membres, lit-on sur le site du FMI.
Les prêts du FMI en pratique
Dans un premier temps, c’est le pays membre ayant besoin d’une aide financière qui formule une demande au FMI.
Les pouvoirs publics du pays et les services du FMI examinent ensuite la situation économique et financière, ainsi que les besoins de financement.
En règle générale, les autorités du pays et le FMI s’entendent sur un programme économique avant que le FMI n’octroie un prêt au pays. Dans la plupart des cas, les engagements pris par un pays concernent le déploiement de certaines mesures. Ce que l’on appelle la conditionnalité ; font partie intégrante des modalités du prêt octroyé par le FMI.
Une fois les conditions convenues, le programme de politiques publiques sur lequel repose l’accord est exposé au conseil d’administration du FMI dans une « lettre d’intention » et décrit de façon approfondie dans un « protocole d’accord ». Les services du FMI recommandent au conseil d’administration d’approuver les intentions du pays en matière de politiques publiques et d’octroyer le financement demandé. Ce processus peut être accéléré en faisant appel au mécanisme de financement d’urgence.
Une fois le prêt approuvé par le conseil d’administration, le FMI surveille la mise en œuvre des mesures sur lesquelles il repose. Le rétablissement de la santé économique et financière d’un pays garantit le remboursement des fonds du FMI, ce qui permet à ce dernier de mettre ses ressources à la disposition d’autres pays membres.
Tristan Sahi