Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire n’est plus qu’une question de temps avec la décision de confirmation d’acquittement prise en sa faveur par la Cour pénale internationale (CPI). Mais ce retour aura surement des répercussions sur la politique nationale, et spécifiquement au Front populaire ivoirien (FPI) son parti.
C’est une certitude ! Le retour au bercail de Laurent de Gbagbo est principalement attendu par ces partisans qui l’ont espéré jusque-là. Au Front populaire ivoirien, le parti qu’il a fondé, ce retour sera surement davantage accueilli avec enthousiasme. Après environ dix ans d’absence du territoire national, et donc loin de ses collaborateurs les plus proches, ses interventions dans la gestion de cette formation politique n’étaient pas aisées. Toute chose qui a conduit à des divisions internes.
Selon des observateurs, Laurent Gbagbo de nouveau en Côte d’Ivoire donnera l’occasion de résoudre les palabres entres les cadres du FPI qui se livrent bataille depuis son départ à La Haye. Dr Eddie Guipé est Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire. Le retour de l’ancien dirigeant ivoirien changera la donne dans son parti, dit-il.
« Le retour du président Laurent Gbagbo change toute la donne dans son parti. Ce retour comblera dix ans d’absence. Ce sera une présence effective sur le terrain. Ce sera aussi un contrôle effectif sur cet organe qui est le FPI. Et ce sera surtout des décisions qui peuvent être prises au vu d’un diagnostic assez réaliste de cette même situation. Maintenant ça change tout parce décider en étant éloigné, planifier en étant emprisonné, ce sont des choses qui sont très difficiles à effectuer. Le simple fait qu’il puisse revenir revolera beaucoup de choses. Car le contrôle effectif de ce parti et la direction ne se feront pas par procuration. Vous avez vu qu’il avait des problèmes de légitimité quant aux personnes qui étaient censées parler en son nom. Aujourd’hui, le fait de le voir lui-même prendre le contrôle de cet appareil, je pense que c’est un changement total », analyse pour 7info l’universitaire.
Le FPI depuis son éviction du pouvoir d’État n’a pu conserver la paix intérieure. Deux grands groupes rivaux se disputent le contrôle du parti. Ce sont d’un côté le groupe reconnu par la loi, dirigé par Pascal Affi N’Guessan le président statutaire. Et le camp de ceux qui ne se reconnaissent qu’en Laurent Gbagbo, appelés les ‘’Gbagbo ou rien’’, et dirigé par l’ancien ministre Assoa Adou.
La logique aurait voulu qu’à son retour, le président Gbagbo puisse fédérer toutes les énergies qui ont été divisées au sein d’un seul organe comme avant, commente Dr Eddie Guipié. Mais en même temps craint-il, « ce sera difficile, mais pas impossible. Je pense que c’est le président Laurent Gbagbo qui a à lui seul, l’autorité suffisante et la légitimité pour pouvoir effectuer ce rassemblement. C’est un rassemblement qui est souhaitable pour le président Laurent Gbagbo et ses partisans et pour tous ceux qui étaient en dissidence avec lui. Il faut dire que le président Laurent Gbagbo doit appeler à l’union. C’est dans l’intérêt de son parti ».
Le retour de Laurent Gbagbo pourrait-il aussi impacter la politique nationale ? Oui répond le politologue ivoirien. Selon lui, l’ex-chef d’État est un acteur clé de la politique du pays depuis des décennies. À ce titre, il pourrait aider à consolider la cohésion sociale. « Bien qu’il y ait des modifications, des travaux en matière de voie de communication en particulier, tant que le peuple ivoirien ne nous comportons pas comme étant une nation, il serait difficile pour un camp d’apprécier les initiatives et les progrès qui ont été réalisés par l’autre camp. De ce point de vue, sa présence sera une très bonne chose. Ce serait peut-être à la Côte d’Ivoire de donner l’exemple au niveau de la réconciliation. De dire que d’anciens adversaires se réconcilient, sa venue pourrait y contribuer aisément », analyse Dr Eddie Guipié.
Pour l’heure, aucune indication n’est donnée sur la date du retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo.