Huit universités françaises ont décidé de s’opposer à la hausse des frais d’inscription à l’université pour les élèves et étudiants étrangers non-communautaires, que le plan « Bienvenue en France » prévoit pour la rentrée universitaire de septembre 2019. L’objectif premier est d’obtenir un recul de l’entrée en vigueur de cette hausse, et une hausse des quotas d’exonération.
Fin novembre, Edouard Philippe, Premier ministre français, présentait la « Stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », plus connue sous le nom « Bienvenue en France ». Parmi les nouvelles mesures annoncées pour améliorer l’attractivité universitaire française, une a particulièrement retenue l’attention en France, mais surtout à l’étranger. Car c’est à ceux qui espèrent venir étudier un jour en France que cette dernière s’adressait : l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants non-européens.
« À compter de la rentrée 2019, les étudiants internationaux qui ne sont pas ressortissants d’un pays de l’Espace économique européen ou de la Suisse et qui s’inscrivent pour la première fois dans un cycle supérieur de formation en France seront amenés à acquitter des frais d’inscription différenciés, qui apporteront plus d’équité. Ils s’établiront désormais à 2 770€ en licence et 3 770€ en Master et Doctorat, soit moins du tiers du coût réel de la formation, et donc largement inférieurs aux montants pratiqués par les pays les plus attractifs à l’échelle mondiale », indique le document ministériel. Une augmentation des frais qui a fait grincer des dents. Actuellement, à titre de comparaison, une licence coûte 170 euros et un master 240 euros.
Aussi rapidement que cette annonce fut inattendue, certaines universités françaises ont déclaré leur réticence à ce projet, et ont annoncé leur refus d’augmenter les frais d’inscription pour les étrangers à la rentrée 2019. Une réunion des vice-présidents en charge des relations internationales des universités s’est tenue la semaine dernière. Une stratégie commune contre la hausse des frais d’inscription est d’ores et déjà à l’ordre du jour. La première a avoir fait connaître sa position a été l’université de Clermont-Auvergne. Elles sont maintenant huit. Aix-Marseille, Toulouse Jean-Jaurès, Lyon II, Rennes II, Angers, Le Mans et Nanterre Paris-X ont rejoint le mouvement.
Sur twitter, Rennes 2 indiquait le 16 janvier que « La direction considère que la mise en œuvre des frais différenciés n’est pas souhaitable. L’établissement utilisera toutes les possibilités réglementaires à sa disposition pour permettre aux étudiant·e·s étranger·e·s extra-communautaires inscrit·e·s ou néo-entrant·e·s de bénéficier, pour la rentrée 2019/2020, du maintien du régime tarifaire actuellement appliqué ». Nanterre Paris-X, a, elle, publié un communiqué le 12 décembre sur son site internet, dans lequel le Président, Jean-François Balaudé soutient que « Nous sommes vigoureusement opposés à l’augmentation des frais d’inscription des étudiants extra-communautaires, qui ne nous apparaît pas comme la bonne réponse aux enjeux de l’amélioration de l’attractivité des universités françaises, et qui est parfaitement injuste en ce qu’elle accentue une discrimination par l’argent pour l’accès aux études supérieures. Je n’appliquerai pas l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaires aussi longtemps que je serai président de l’université. Elle contrevient trop fortement à nos valeurs communes. »
Ainsi, les universités contestataires devraient, pour ne pas avoir à appliquer légalement cette hausse, appliquer le décret du 19 août 2013. Ce dernier stipule que « Peuvent en outre bénéficier de la même exonération les étudiants qui en font la demande en raison de leur situation personnelle, notamment les réfugiés et les travailleurs privés d’emploi. Les décisions d’exonération sont prises par le président de l’établissement, en application de critères généraux fixés par le conseil d’administration et dans la limite des 10 % des étudiants inscrits ». Toujours est-il que ce seuil ne permet pas d’assurer une exonération à tous les étudiants étrangers. Beaucoup d’universités auraient besoin que ce quota soit revu à la hausse pour pouvoir tenir leurs engagements. Une mesure que Frédéric Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ne semble pas disposée à faire évoluer.
Victor Merat, Correspondant en France
Source: rédaction Pôleafrique.info