Continent

Gabon, il faut désormais maîtriser une langue locale pour se présenter à la présidentielle

Mis à jour le 24 mars 2025
Publié le 24/03/2025 à 1:25 , , , ,

Après examen des dossiers, la Cour constitutionnelle du Gabon a validé quatre candidatures pour l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Mais pour ce scrutin, une nouveauté s’impose : pour être éligibles, les candidats devaient prouver leur maîtrise d’au moins une langue locale.

 

Le Gabon compte une cinquantaine de langues, dont le fang, parlé par 32 % de la population, le myene, le punu et le mbédé.

Parmi ces langues locales, chaque candidat à l’élection présidentielle doit en maîtriser au moins une. C’est la nouvelle condition d’éligibilité dans le pays.

Pour garantir le respect de cette règle, une commission d’experts du ministère de la Culture a été chargée d’évaluer les candidats.

« Les candidats qui se sont présentés à la commission d’aptitudes linguistiques ont été évalués en fonction de leurs compétences dans la langue de leur choix », a précisé le rapporteur général, Dr Paul Maixcent Moussinga.

Débutée le 3 mars, cette évaluation a concerné dix-neuf postulants sur une trentaine de candidatures reçues, dans 13 langues locales.

Mais un cas inédit a retenu l’attention : Boris Libella, l’un des candidats, a choisi de s’exprimer en Babongo, une langue méconnue du jury.

Problème ? La commission s’est retrouvée dans l’incapacité de lui assurer une évaluation convenable, faute de pouvoir traduire ses propos en français.

Face à cette situation inédite, les commissaires se sont déclarés incompétents pour mener son audition.

A LIRE AUSSI : Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema parmi les 4 candidatures retenues

Ils ont précisé que cette difficulté ne pouvait, à elle seule, invalider sa candidature, rapporte le média gabonais L’Union.

L’objectif affiché de cette réforme est clair : permettre aux futurs dirigeants d’échanger plus directement avec leurs concitoyens, sans dépendre exclusivement du français, la langue officielle du pays.

Mais au-delà de l’aspect linguistique, cette mesure vise aussi à renforcer le lien entre les électeurs et leurs représentants et à inscrire les langues locales au cœur du débat politique.

Adoptée à l’issue du dialogue national inclusif, clôturé en mai 2024, cette nouvelle condition d’éligibilité a été intégrée à la nouvelle Constitution.

Une initiative saluée par certains comme un pas vers une démocratie plus enracinée dans la culture nationale.

Mais cette règle est critiquée par d’autres, qui y voient une barrière potentiellement discriminatoire pour certains candidats.

Eirena Etté

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE