Le général Brice Oligui Nguema a mis fin au règne de la dynastie Bongo après 55 ans de règne sur le Gabon. Qui est réellement le président de la Transition au Gabon et quels sont ses liens avec la famille Bongo ?
Depuis le mercredi 30 août 2023 soir, le Gabon a un nouvel homme fort. Il s’agit de Brice Oligui Nguema, commandant en chef de la Garde républicaine du Gabon. Il a été nommé président de la Transition par ses frères d’arme militaires auteurs du coup d’Etat. Le béret vert en main, il a été porté en triomphe par ses hommes, quelques heures après le putsch contre Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 à la mort de son père Omar Bongo.
Le général de 48 ans à la carrure athlétique, est resté discret. Il n’est pas apparu dans les trois premiers communiqués qu’il a laissé lire par des colonels et lieutenants-colonels à l’antenne de la télévision d’Etat. Y compris celui qui l’intronise président de transition, à la tête du « Comité pour la transition et la restauration des institutions » (CTRI).
Ali Bongo, désormais “un Gabonais normal”
Dans l’après-midi du mercredi, il avait indiqué au Monde qu’Ali Bongo Ondimba avait été « mis à la retraite. Il jouit de tous ses droits. C’est un Gabonais normal, comme tout le monde ». Il a affirmé par ailleurs que « l’armée a décidé de tourner la page et de prendre ses responsabilités » en raison de « la grogne » dans le pays, de « la maladie du chef de l’Etat » (Ali Bongo Ondimba a été victime d’un AVC en octobre 2018 qui l’a laissé considérablement affaibli) et de la mauvaise organisation des élections.
Le général Brice Oligui Nguema met ainsi « fin au régime Bongo » après 55 ans de règne sur le Gabon. Ali Bongo avait été réélu tout juste pour un troisième mandat à la tête du pays. Celui-ci avait succédé en 2009 à son père, Omar Bongo, qui a gouverné le pays durant plus de quarante ans.
Réputé francophile, il était très proche de Bongo père qu’il a suivi comme son ombre de 2005 à 2009, et jusqu’au dernier souffle de celui qui fut considéré comme l’un des piliers de la Françafrique, dans un hôpital de Barcelone, raconte à l’AFP une ancienne proche collaboratrice au cabinet du « patriarche ».
Écarté en 2009 après l’élection d’Ali Bongo à la mort de son père, il entame ce que certains qualifient de traversée du désert de 10 ans, en tant qu’attaché militaire des ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal. Mais l’officier général réussit à se faire une fortune à travers plusieurs réalisations à travers le monde.
Fang par son père, l’ethnie majoritaire au Gabon, cet homme du sérail a principalement grandi avec sa mère dans la province du Haut-Ogooué, le fief du clan Bongo. Revenu sur le devant de la scène, colonel à la tête des renseignements de la GR en octobre 2018 en remplacement de Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali, il sera propulsé seulement six mois après général et à la tête du commandement de cette garde prétorienne de la présidence, s’imposant comme la clé de voûte du dispositif sécuritaire du pays.
A la tête de ce régiment d’élite, il avait notamment poussé Bongo à améliorer les conditions de vie et de travail de ses hommes : réfection et modernisation des infrastructures, financement d’écoles destinées aux enfants de militaires, restauration de certains logements… Des mesures qui ont permis à ce « meneur d’hommes » de s’attirer sympathie et respect des siens.
Selon un rapport du consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting Project en 2020, le général s’est constitué un important patrimoine aux Etats-Unis, où il a acheté trois propriétés en 2015 et 2018 dans le Maryland, pour un total de plus d’un million de dollars, payé en espèce.
Tristan Sahi