Société

Gnambros, syndicats dans le transport : des intouchables dans la cité ?

Mis à jour le 28 août 2023
Publié le 28/08/2023 à 3:58 , , , ,

Ils ne cessent de faire parler d’eux dans le milieu du transport routier en Côte d’Ivoire. Les syndicats qui exercent dans ce secteur d’activité et leurs supplétifs de jeunes loubards communément appelés ‘’Gnambros’’, semblent faire la pluie et le beau temps dans le transport routier national. Au vu et au su de tous. Les syndicats et les gnambros seraient-ils intouchables dans la cité ?

 

 

Dans le quartier Samaké de la commune d’Abobo, les habitants sont encore sous le choc après ce qui s’est passé le mercredi août 2023. Très tôt ce jour, des groupes rivaux de syndicalistes exerçant dans le milieu du transport à Abidjan, se sont affrontés à l’arme blanche. Aucun bilan officiel de ces violences qui ont duré toute la journée et qui ont poussé les forces de l’ordre à intervenir, n’a été fait. Mais certaines sources font cas de blessés graves, voire de pertes en vie humaine. Une note de la direction générale de la police nationale annonce qu’au moins 14 personnes en lien avec les heurts, ont été mises aux arrêts.

Ces violences qui ne manquent pas souvent de terroriser des quartiers entiers et de perturber le trafic routier, ne sont pas de faits nouveaux dans le pays. Les exemples sont légion. Impositions de taxes aux automobilistes, augmentation des prix de transport, interdiction de circuler sur certaines lignes, sont à leur actif. Le lundi 10 juin 2019, une bagarre avait éclaté entre des syndicats de transporteurs dans la commune de Koumassi. Les violences avaient occasionné la mort d’une personne et de nombreux blessés. Un autre fait aussi à l’actif des syndicats et leurs supplétifs, reste encore dans la mémoire des abidjanais. Il s’agit du meurtre d’un gendarme dans la commue de Yopougon. On se souvient que fin août 2019, le maréchal des logis répondant au prénom de Tony avait été assassiné par des gnambros dans une gare de fortune appelée ‘’Lavage’’ non loin de l’église catholique Saint-André dans cette commune.

Le syndicalisme dans le milieu du transport rime-t-il avec violence ?

Non, répond Doumbia Mory, le responsable des chauffeurs de la Fédération des syndicats de chauffeurs professionnels et routiers de Côte d’Ivoire (FESYNCPRO-CI).

« Être syndicat ne veut pas dire qu’il faut être violent. À la gare, chacun vient avec son éducation personnelle. Ceux qui sont violents dans la corporation sont violents de nature avant d’entrer dans le syndicalisme. Mais il est bon de savoir que lorsque tu es violent et que tu poses des actes de violence, tu vas répondre de tes actes devant les autorités », se défend-il à 7info qui l’a joint.

Ces faits de violence, devenus récurrents, on se rappelle, ont poussé les autorités sécuritaires à inscrire ces groupes de jeunes qui sont passés spécialistes dans le racket des transporteurs, dans la liste des phénomènes à éradiquer du pays. En témoigne l’engagement pris lors du lancement de l’opération Épervier 6 le jeudi 16 septembre 2021 à Yopougon dans le nord d’Abidjan. Mais depuis, rien ne semble changer. Ces ‘’seigneurs’’ du milieu de transport continuent leurs activités à des carrefours d’Abidjan. Très souvent dans les périmètres des casernes de forces de défense et de sécurité comme c’est le cas au carrefour La Vie dans la commune de Cocody, ou au bas de la caserne de gendarmerie d’Agban dans la commune d’Adjamé.

 

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Gnambros et syndicats seraient-ils au-dessus de la loi ?

« Le phénomène des syndicats est certainement entretenu. Sinon moi je sais que lorsqu’un gendarme a été tué à Yopougon Lavage, on a eu au moins 16 mois pendant lesquels, les syndicats ont disparu », confie sous anonymat, un officier des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI).

« On ne peut pas dire que les syndicats sont des intouchables. Dans la vie, nul n’est au-dessus de la loi. Ce ne sont pas tous les syndicats qui sont violents. Ceux qui se montrent coupables des actes de violence, quand ils sont pris par les forces de l’ordre, l’assument. Ce ne sont pas tous les syndicats qui doivent subir leurs actes », fait savoir Doumbia Mory.

De plus, selon lui, il existe une différence entre gnambros et syndicats.

« Les syndicats sont des organisations qui ont des documents légaux. Ce sont des structures bien organisées. Les gnambros, eux, ne sont pas de notre corporation. Ce sont des jeunes qui sont dans des quartiers qui font tout avec la force. Ils ne sont pas reconnus par les syndicats », poursuit Doumbia Mory.

Vrai ou faux, le milieu du transport routier ivoirien, lui, continue de subir le desiderata de ces ‘’seigneurs’’ qui font la pluie et le beau temps dans les rues. Sans être véritablement inquiétés.

 

Richard Yasseu    

 

 

 

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