Gohitafla! Le nom ne dit pas grand-chose à beaucoup d’ivoiriens à l’exception notable des ressortissants de cette localité située à 22 kilomètres de Zuénoula.
Érigée en chef-lieu de sous-préfecture en 1966 avec pour premier secrétaire administratif, Boua Arsène, Gohitafla connaît depuis la fin de la crise postélectorale de 2011 des difficultés de fonctionnement. La situation est préoccupante.
Située à proximité de la mairie de la ville, à l’époque, plus visible et rayonnante, le bureau de la sous-préfecture n’est reconnaissable que par les habitués de la ville. L’ancien écriteau sur le mur est effacé, la cour intérieure est envahie d’herbes sauvages. A moitié décoiffé, le bâtiment abritant les différents services n’existe plus que de nom, avec des terrasses et murs dégradés, des toilettes hors d’usage, une salle de conférence inutilisable, des étagères servant de support aux registres en mauvais état obligeant le sous-préfet à transformer sa chambre à coucher en bureau de travail.
Selon Lezié Jean-serge Voli Bi, un fils de Gohitafla qui rapporte les faits dans une vidéo en sorte de visite guidée filmée à l’intérieur des bureaux de la sous-préfecture, « le sous-préfet est obligé de travailler dans l’une des chambres de sa résidence, car il n’y a pas d’électricité, encore moins l’eau courante. Il n’y a pas d’ordinateur. Ce ne sont que deux (2) machines à dactylographier reçues des mains d’un fils de la localité. La sous-préfecture de Gohitafla n’existe que de nom, rien d’autre. Où passe son budget de fonctionnement de la sous-préfecture ? L’Etat de côte d’Ivoire joue-t-il son rôle régalien ou c’est plutôt l’administration du territoire elle-même, au niveau de la décentralisation ne joue pas son rôle ? », s’interroge-t-il.
Malgré son fort potentiel agricole et ses atouts touristiques, cette localité habitée en majorité par le peuple Gouro s’affaisse au fil du temps sous le poids de l’état de délabrement avancé de ses infrastructures. Les routes sont impraticables avec la menace constante des coupeurs de route. Le manque de tables-bancs au lycée pousse les élèves à se coucher à même le sol pour se faire dispenser les cours par les professeurs déjà en sous nombre.
Contacté par 7info, Yves Tié Bi, l’un des cadres de la localité révèle ses efforts en vue de sortir la localité du gouffre dans lequel elle est plongée.
« J’ai toujours apporté mon soutien aux efforts de développement de Gohitafla. J’accorde un intérêt particulier à tout ce qui concerne l’éducation. Je vais plus loin en dehors même de la localité de Gohitafla, j’ai été à l’EEP Ecole-Avenir pour apporter du ciment et offert des tôles pour réhabiliter certains bâtiments de l’école. Tout ce qui concerne le manque de tables-bancs, j’ai déjà agi et je continue d’agir selon mes disponibilités parce que cela rentre en ligne de compte de ma vision. En ce qui concerne la route, je suis le seul, après une décennie à envoyer des machines pour profiler les routes parce que pour moi, les routes précèdent le développement. S’il n’y a pas de voies pour qu’on aille découvrir Gohitafla et aussi permettre l’évacuation des denrées alimentaires produites dans la localité, tous nos efforts seront vains. Désenclaver Gohitafla est aujourd’hui d’une importance capitale », estime-t-il avant de reconnaître la vétusté des infrastructures.
« Le délabrement des bureaux de la sous-préfecture est connu de tous. La mairie même qui est occupée, depuis le vol des machines, aucune initiative n’a été prise pour le rééquipement des services. La clôture de la mairie n’a pas été rebâtie encore moins la peinture. Le problème est plus profond. Aucun engagement pour le minimum. La sous-préfecture n’existe que de nom. Toutes les infrastructures et tous les symboles de l’Etat doivent être rétablis en priorité. Et en la matière, la sous-préfecture est la mieux indiquée pour que l’autorité de l’Etat soit rétablie. Mais c’est vraiment malheureux qu’aucune de nos autorités n’en fasse son cheval de bataille ».
De l’autre côté, pour exprimer leur mécontentement face aux conditions d’apprentissage non conventionnelles auxquelles ils sont soumis, les élèves ont décidé de rentrer en grève depuis lundi dernier. C’est ce qu’explique un membre de l’administration du lycée moderne BAD de Gohitafla, joint par 7info. « Le problème de tables-bancs persiste, surtout que l’effectif augmente. A cela s’est ajouté un manque important d’enseignants. Face à tout ce déséquilibre, les élèves sont rentrés en grève depuis ce lundi », avoue-t-il l’air abattu.
Augustin Doh
7info.ci