Pendant deux heures, des PDG, des PCA, DG d’entreprises privées et publiques ont appris de Moez Miaoui, Chargé Senior des activités gouvernance en Afrique de l’ouest et du Maghreb à la Société financière internationale, Groupe Banque Mondiale, dans un hôtel de la place.
«La Gouvernance des PME et des Entreprises Familiales, le Défi de la Succession et de la Transmission» était le thème de cette formation qui a permis aux chefs d’entreprises familiales ou publiques, cotées ou non, présents nombreux ce mercredi 13 février, d’apprendre les aspérités, les « défis » de la construction d’une entreprise familiale forte mais aussi les approches de solution pour éviter la disparition. Moez Miaoui est parti du constat qu’ « il y a beaucoup de problèmes avec les entreprises familiales qui disparaissent avec la disparition du fondateur », estimant à « 75 à 90%, le nombre d’entreprises familiales au monde. »
Or, selon lui, « une entreprise familiale n’est pas vouée à disparaître » quoiqu’il reconnaît que « 30% réussissent le passage de la 1è génération à la 2è génération, 12% passe à la 3è génération et 3% uniquement parvienne à la 4è génération. »
Pour Moez Miaoui, le « seul défi est la réussite de la succession, partant du fondateur à la fratrie et à la dynastie ». Il a relevé les faiblesses de ces entreprises familiales qui se résument en « des soucis d’harmonie, de formalisation des procédures, de préparation de la succession et des dirigeants futurs, les problèmes de gouvernance. » Pour échapper à ces soucis, une solution : « assurer l’équité dans le traitement des membres de la famille » a-t-il préconisé.
En termes de « défis spécifiques des PME et entreprises familiales », l’orateur a indexé « le dévouement ou l’implication de la famille dans la gestion de l’entreprise, la vision à long terme dans la prise de décisions, la flexibilité, les stratégies et approches alternatives non conventionnelles et la volonté de bâtir un héritage pour les générations futures. »
« La complexité, l’absence de formalisme, l’absence d’un environnement de contrôle formel et rigoureux, le peu de discipline, la confusion des rôles, le relationnel crucial, les conflits-difficultés et hésitations à reconnaître les divergences d’intérêts et la prévalence des valeurs familiales » sont des faiblesses endogènes qui fragilisent la gestion des entreprises familiales et auxquelles il faut trouver des solutions.
Aussi, au regard des expériences spécifiques à chaque cas, Moez Miaoui a recommandé aux gérants des entreprises familiales ivoiriennes ou en Afrique de l’Ouest, de « créer une démarcation entre espace familial, actionnariat et gestion de l’entreprise tout en formalisant le cadre régissant la famille et sa relation aux affaires de l’entreprise, mettre en place la « Constitution »-cadre de gouvernance familiale » pour la bonne tenue de l’entreprise familiale.
Pour lui, la succession, « ce n’est pas désigner quelqu’un pour prendre les rênes, c’est s’assurer que toutes les expériences du fondateur soient institutionnalisées » a-t-il recommandé. « L’entreprise ne doit pas être liée à l’identité spécifique du fondateur » a précisé Moez Miaoui pour qui, la succession se prépare sur 5 à 15 ans car « c’est un processus qui doit déboucher sur un actionnariat. »
Il s’agira plus tard de « donner des pouvoirs » à une équipe dirigeante, « constituer un conseil d’administrateurs indépendants, renforcer la culture du partage de l’information car l’entreprise doit avoir une gouvernance formelle, un cadre institutionnalisé » a prescrit le chargé senior des activités gouvernance en Afrique de l’Ouest et du Maghreb de la SFI.
Le manque de données statistiques sur les entreprises familiales en Afrique de l’Ouest a été relevé et fait recommander par Me Bakary Traoré, 3è Vice-président de l’INAD-CI, qu’une étude devra être menée sur la question.
Laurence N’guessan, PDG d’un Cabinet de formation de coaching agréé FDFP qui a assisté à cette session afterwork estime que « Cette session était très intéressante. » « Je pense qu’elle permettra à bon nombre d’administrateurs de parfaire leurs stratégies et leur organisation en termes de succession et pas mal de points évoqués par l’intervenant. C’était intéressant de savoir car ce sont des aspects qui vont arriver à un moment ou à un autre dans la gestion de notre entreprise qui est jeune et c’est bien de commencer à penser à mettre en place les fondations de la succession après le fondateur que je suis » a-t-elle reconnu.
Pour sa part, Michelle Beugré, Directrice exécutive de l’Institut national des administrateurs de Côte d’Ivoire a situé le contexte global de cette activité.
« Vous savez que depuis plusieurs semaines, nous avons lancé le certificat des administrateurs de société de la zone UEMOA. Nous avons la première promotion qui est composée d’une cohorte de 26 personnes. Nous avons fini le premier module et entre deux modules, l’Inad-CI a décidé de revenir sur des sujets qui ont vraiment intéressé les impétrants. Au cours du premier module, nous avons senti un intérêt particulier pour la gouvernance des entreprises familiales et la transmission de ces entreprises qui est une véritable problématique dans tous les pays. Le spécialiste en la matière qui suit le secteur privé, nous savons que ce secteur est énormément composé d’entreprises familiales, ce spécialiste dis-je qui est IFC, notre partenaire, a été invité à venir soutenir le CAS, pour revenir sur ce sujet d’importance capitale. C’est ce que nous avons appelé interstice, occasion de revenir sur les sujets importants entre deux modules » a-t-elle expliqué.
Sur la formation du Certificat d’Administrateurs de Société, une première dans l’espace UEMOA en partenariat avec l’Institut marocain des administrateurs et le collège des administrateurs du Québec à travers l’Université Laval du Québec, Michelle Beugré a indiqué qu’ « A la fin de ce parcours de sept mois, composé de six modules, les impétrants auront à passer un examen final. L’objectif est de faire ressortir les impétrants avec leur certificat, qu’ils n’échouent pas à l’examen final du certificat, et qu’ils aient des compétences avérées, nécessaires à la gestion des entreprises. Ces compétences qui leur permettront d’interagir en salle de conseil de sorte que nos conseils d’administration soient désormais des conseils à valeur ajoutée, des conseils qui ne sont pas seulement des chambres ou des lieux d’enregistrement mais des conseils assez forts. »
Pour la session de ce mercredi soir « Le public (était) composé de hauts dirigeants d’entreprises familiales, d’entreprises publiques, d’entreprises cotées, des PCA, des DG, d’entreprises non familiales cotées, toute une panoplie de hauts dirigeants qui sont amenés quelque part à créer son entreprise. Après avoir pris une bonne expérience, le DG peut créer son entreprise, le PCA, peut gérer sa propre structure ou il est PCA d’une grosse entreprise familiale qui est cotée en bourse. Il est amené à plonger sur ses questions ou à interagir avec les actionnaires qui sont les fondateurs de ces entreprises. »
Créé le 9 avril 2013, l’INAD-CI, présidé par l’ex-PCA de la Snepci, Viviane Zunon-Kipré, a lancé son premier certificat des administrateurs de société de Côte d’Ivoire le 29 janvier dernier à la maison de l’entreprise à Abidjan. L’objectif, mettre à la disposition des entreprises, des administrateurs forts, outillés dans le suivi managérial d’une entreprise et non des acteurs présents pour valider une mauvaise gestion.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction Pôleafrique.info