La libération des prisonniers des crises électorales fait l’actualité en Côte d’Ivoire. Le Chef de l’État Alassane Ouattara, ayant, depuis sa prise de fonction en 2011, refusé de libérer les personnes reconnues coupables de crimes de guerre, pourrait-il revenir sur sa décision ?
Le mardi 27 juillet 2021, dès sa sortie d’audience avec son successeur Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo avait annoncé avoir « insisté sur les prisonniers qui ont été arrêtés au moment de la crise de 2010-2011 ».
« Il (Alassane Ouattara) ne m’a pas dit non, mais il ne m’a pas dit oui. Il va faire tous les efforts pour les libérer le plus tôt possible », a-t-il déclaré le lundi 2 août 2021.
Parmi les détenus de la crise figurent le général Bruno Dogbo Blé, ancien patron de la garde républicaine et le commandant de gendarmerie Anselme Séka Séka, chef de sécurité de l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo. Deux pions essentiels du dispositif sécuritaire du régime des refondateurs. Selon certaines sources, ces soldats ne seraient pas concernés par la grâce présidentielle.
Selon le déroulement du procès, ils ont été condamnés pour crimes de sang et non pour leurs opinions. Bruno Dogbo Blé a été condamné en avril 2017 à 18 ans de prison pour l’affaire des « disparus du Novotel ». Le 4 avril 2011, des hommes armés ont enlevé le directeur de l’hôtel, un français Stéphane Frantz Di Rippel, Yves Lambelin, le directeur de Sifca, Raoul Adeossi, un assistant béninois et un Malaisien Chelliah Pandian. Tous battus avant d’être assassinés.
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Quant au commandant Anselme Séka Séka, reconnu coupable « d’assassinat », il a écopé d’une peine de 20 ans d’emprisonnement.
« Le général Bruno Dogbo Blé et le commandant Anselme Séka Séka sont des acteurs clés de la crise postélectorale. Le président Alassane Ouattara les libérera lorsqu’il aura certaines garanties. Dogbo Blé et Séka Séka font partie des meilleurs soldats de l’armée ivoirienne. Quant aux autres militaires, ils pourront être libérés », a réagi un politologue.
La crise postélectorale a fait, selon le bilan officiel, plus de 3000 morts, à l’issue de laquelle le Président Laurent Gbagbo avait été arrêté puis jugé par la Cour pénale internationale (CPI). Définitivement acquitté, il est rentré dans son pays le 17 juin 2021. Depuis son retour au bercail, il a fait de la libération de tous les prisonniers politiques son combat.
« Notre combat c’est de les sortir de là-bas. Le point actuel de mon programme, c’est de me battre pour la libération de tous les prisonniers d’opinion », a-t-il confié aux épouses de détenus politiques lors d’une audience le lundi 2 août 2021.
Arnaud Houssou
