La crise postélectorale qui menace la quiétude à Grand-Bassam ne laisse pas de marbre le candidat déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI).
Une défaite peut faire mal qu’une précédente. Et des candidats n’ont souventes fois pas les mêmes réflexes surtout quand on a préparé les consciences à des victoires « propres » et d’autres qui seraient au cas échéant, « usurpées ». Depuis le 13 octobre dernier, Grand-Bassam vit au rythme des manifestations « d’une centaine » de jeunes selon les avis, mais qui ne laissent pas indifférent Jean Louis Moulot, candidat du RHDP.
Recevant en sa résidence ce lundi soir des représentants éclectiques de la jeunesse de Grand-Bassam, il a lancé un mot d’ordre précis et ferme face à la violence qui s’est installée dans la commune balnéaire.
« Nous sommes sereins, nous sommes dans la sérénité de celui qui la vérité, une élection ne se gagne pas dans les rues mais dans les urnes » a-t-il précisé. Les manches de sa chemise bleu ciel retroussées, le candidat de 45 ans qui assure avoir terrassé le baobab du PDCI-RDA, Georges Ezaley estime qu’il « est important de respecter les lois de la République, les institutions. Je n’irai pas justifier ma victoire dans des ambassades » a-t-il poursuivi face à la jeunesse qui a souhaité le rencontrer pour le rassurer de son indéfectible soutien.
« Soyez sereins, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, nous nous préparons pour la passation, pour relever de nombreux défis » a indiqué Jean Louis Moulot qui a tenu à rassurer « nos frères et sœurs, nous allons travailler avec tout le monde » a-t-il assuré.
Toutefois, il n’a pas passé sous silence le trouble généré par le comportement de certains jeunes à l’encontre du Roi, Nanan Amon Tanoé, par ailleurs président de la Chambre nationale des Rois et Chefs traditionnels et du Vice-président, Daniel Kablan Duncan.
A l’occasion de la visite de la Gouverneure générale du Canada, Julie Payette, à Grand-Bassam, les jeunes partisans du candidat Ezaley ont hué la délégation du Vice-président et le Roi. Face à un tel mépris, M.Moulot a été un peu plus clair. « On ne va pas s’attarder à perdre le temps dans des palabres inutiles parce qu’à Bassam nous avons besoin d’unité, nous avons besoin de cohésion, nous avons besoin de respecter les institutions de l’Etat et au nom de ces institutions nous avons besoin de respecter nos rois et chefs traditionnels qui sont garants de la tradition et qui ont un caractère sacré. Ce sont des personnes qui méritent le respect. Et il n’est pas acceptable qu’un certain nombre de jeunes instrumentalisés puisse aujourd’hui s’en prendre publiquement aux rois et aux chefs au mépris de toutes les traditions qui régissent nos sociétés africaines. Je voudrais déplorer cela vivement et vous féliciter parce que vous ne vous êtes pas inscrit dans cette démarche négative » a-t-il condamné.
En retour, il a félicité la jeunesse acquise à sa cause. « Je vous félicite pour votre esprit positif, pour votre optimisme, pour votre sérénité et votre confiance. Nous avons besoin de paix et de cohésion à Grand Bassam. Je l’ai dit par le passé, nous tendons la main nous les vainqueurs à ceux qui ont perdu dans les urnes pour pouvoir construire ensemble Grand Bassam parce que nous ne voulons laisser personne de côté. Nous voulons les rassurer, les rassurer à travers vous. Je vous invite à être des ambassadeurs, des messagers pour passer ce message de paix des jeunes qui nous entourent avec des leaders » a assuré Jean Louis Moulot.
« Nous ne voulons pas d’exclusion, nous ne sommes pas dans une approche tribale ou ethnique de la gestion de Grand Bassam. Nous estimons que Grand Bassam appartient à tous ses enfants. Tout le monde est Bassamois. Il n’y a pas un qui est plus Bassamois que l’autre. Tout le monde est Bassamois, Grand-Bassam appartient à tous ses enfants. Je tiens à insister là-dessus. Je vous invite à véhiculer un message de paix, un message de rassemblement et à tendre la main à nos adversaires d’hier parce que l’élection est maintenant terminée. Nous devons avancer vers le développement et c’est ensemble que nous le ferons. Je voudrais vous remercier pour votre confiance renouvelée, votre mobilisation spontanée. Egalement, observez une discipline parce que les provocations orchestrées par la centaine d’individus qui s’illustrent négativement, vous n’avez pas répondu parce que vous savez que vous êtes dans votre droit. Nous allons continuer comme ça et ne pas répondre à la provocation. Nous allons continuer à tendre la main à nos adversaires d’hier et leur dire que nous sommes ensemble, nous sommes tous dans Bassam. De toute façon ceux qui agissent négativement aujourd’hui, demain on va se retrouver dans le même Bassam. C’est la raison pour laquelle nous on reste serein et on ne répond pas à la provocation, on leur tend la main. Je voudrais vous féliciter pour votre esprit positif et constructif. Nous allons très bientôt commencer à travailler ensemble pour le développement notamment sur la question de l’Emploi des jeunes » a insisté l’ex-candidat du RHDP.
La scène des échanges directs et sans protocole se déroule à la résidence de Jean Louis Moulot en présence du 1er adjoint du maire sortant Georges Ezaley Philippe, Issiaka Traoré.
Charles Assigbi, jeune ex-président de la jeunesse, conseiller sur la liste de Jean Louis Moulot a lancé un message d’apaisement à ses camarades. Il a salué la volonté de l’ex-candidat RHDP de célébrer la jeunesse par le choix porté sur sa personne. « Le temps du ramassage des chaises et bâches est révolu. On peut avoir été président de jeunes et aujourd’hui être maire » a-t-il soutenu.
Face aux agissements de leurs frères du camp Ezaley, il a rétorqué que « On peut aussi faire du bruit. Avant on se serait jeté dedans et on aurait vu qui est fort. C’est vous qui avez décidé du changement. Ne soyez pas inquiets face à une minorité. Vous êtes une jeunesse forte et responsable, Jean Louis Moulot a tracé une voie, nous allons nous unir pour bâtir un Bassam fort » a-t-il indiqué.
La Chambre administrative de la Cour Suprême a été saisie par le camp du candidat PDCI-RDA. Sa décision est attendue par tous à Grand-Bassam.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info