Des hôpitaux publics sans pédiatre, gynécologue, dentistes ou autres… Voici la situation à laquelle la Côte d’Ivoire risque d’assister si le syndicat des médecins spécialistes décide de mettre son mot d’ordre de grève à exécution.
Ils ont été reçus par le ministre de la Santé le mardi 30 mai. Mais pour l’heure, les discussions n’ont pas encore débouché sur un compromis. L’épée de Damoclès continue donc de planer sur les hôpitaux publics de Côte d’Ivoire.
Les gynécologues et médecins anesthésistes réanimateurs ont, lors de leur assemblée générale le week-end dernier, menacé d’entrer en grève si leurs revendications ne sont pas prises en compte par les autorités ivoiriennes.
Ils dénoncent des arrestations et emprisonnements arbitraires de leurs camarades, sans oublier l’absence de statut clair de leur fonction. La spécialité n’est pas reconnue en Côte d’Ivoire et le médecin spécialiste est traité comme un médecin généraliste.
« Après toutes les difficultés liées à sa formation, le généraliste parvient à obtenir son diplôme de médecin spécialiste, il est utilisé en tant que tel par l’état de Côte d’Ivoire sans incidence financière ni administrative, alors qu’il devient en ce moment un médecin de pointe et un expert pour son pays. Devant ce manque de considération de leur propre pays, nombreux sont ceux des spécialistes qui s’expatrient à la recherche d’une décence financière et d’un minimum de considération. Les autres qui expriment leur élan de patriotisme en restant sur place, quoique peu nombreux, sont sujets à de multiples humiliations, maladies, épuisements, emprisonnements et suspensions pour des actes de spécialité qu’on ne leur reconnaît même pas », a réagi la convention des syndicats libres et responsables (Sylire).
Ils sont en tout 540 médecins (400 gynécologues obstétriciens et 140 médecins anesthésistes réanimateurs) concernés. La grève de ces médecins pourrait entraîner le ralentissement de la prise en charge et donc des décès en cascade. Ce serait donc « une catastrophe » selon un responsable du ministère de la Santé joint par 7info.
Le problème de la non-reconnaissance de la spécialité
« Nous demandons la reconnaissance pleine et entière de la spécialité médicale avec effet financier et catégoriel qui aboutirait sur la création d’un corps de métier dédié. Car comment comprendre que les infirmiers anesthésistes, en dermatologie, en ophtalmologie … que ces médecins sont censés dirigés changent automatiquement de catégorie dès l’obtention de leurs diplômes passant du grade B3 à A3 alors que le médecin spécialiste demeure dans sa même catégorie, traité comme généraliste », s’insurgent les médecins spécialistes.
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Pour régler le problème, le gouvernement ivoirien a adopté depuis le mardi 6 septembre 2022 un décret portant création de l’emploi de médecin spécialiste catégorie A, grade A4. Cependant, cette nouvelle disposition ne prend pas en compte ceux déjà en fonction.
Le concours de la fonction publique permet désormais aux médecins disposant d’un diplôme de spécialité d’intégrer le corps médical selon le statut révisé. Cette loi ne s’applique donc pas à tous les médecins spécialistes d’où leur mécontentement.