Côte d’Ivoire

Guillaume Soro annonce la fin de son exil, que va faire la justice ivoirienne ?

Mis à jour le 14 novembre 2023
Publié le 14/11/2023 à 1:00 , , , ,

Continuer à vivre loin de chez lui et de ses proches, Guillaume Soro n’en veut plus. Dans un message vidéo sur les réseaux sociaux, le dimanche 12 novembre 2023, l’ex-Président de l’Assemblée nationale annonce qu’il met fin à son exil. Mais comment se passera un éventuel retour en Côte d’Ivoire de sa part ?

Revenir dans son pays la Côte d’Ivoire, l’hypothèse n’est sûrement pas à exclure chez Guillaume Soro. Dans son message sur les réseaux sociaux du dimanche 12 novembre 2023, l’ancien Premier ministre ivoirien faisait entre autres allusion à cela.

« J’annonce ici et maintenant que je mets fin à mon exil, car il m’est pénible de vivre loin de ma terre ancestrale et natale d’Afrique », avait déclaré Guillaume Soro.

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Le lendemain, lundi, c’est à Niamey, aux côtés du président de la transition du Niger, le général Tiani, qu’il posait. Pays dans lequel, selon ses services de communication, il séjourne depuis le samedi, la veille donc de la diffusion de son message. Se rapprochant ainsi de la Côte d’Ivoire.

Guillaume Soro faut-il le rappeler, est sous le coup de deux condamnations à de lourdes peines, prononcées par la justice ivoirienne. L’une de 20 ans et l’autre à la perpétuité. Son exil dure depuis fin décembre 2019 après un retour manqué à Abidjan. Aurait-il pour ambition de regagner son pays, et si tel était le cas, que ferait la justice ivoirienne ?

Avant lui, il faut le rappeler, de nombreux autres personnages aussi sous le coup de condamnations judiciaires ont regagné la Côte d’Ivoire, et sont libres de tout mouvement. Ce sont l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Akossi Benjo. L’actuel président de générations et peuples solidaires (GPS) pourrait-il avoir le même traitement en cas d’un éventuel retour ?

Docteur Eddie Guipié est enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Tout va dépendre de la posture que va adopter l’ancien leader estudiantin.

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« Il faut remarquer que jusque-là, tous ceux qui étaient visés par une procédure judiciaire, avaient négocié leur retour. Va-t-il négocier comme ces derniers pour entrer dans la quiétude ou va-t-il venir directement ? C’est la question qu’on peut se poser. Pour ce qui est de la deuxième hypothèse, il y a deux questionnements qui se posent. S’il venait sans négociation aucune ou sans avertir sur le territoire ivoirien sans prendre attache avec les autorités, il y aura quelques réactions certainement. La première serait qu’il puisse être libre de ses mouvements en attendant peut-être une hypothétique action judiciaire intentée contre lui. La seconde serait une action immédiate de la justice puisqu’il a été condamné à perpétuité. Ce serait peut-être la réouverture de son procès, puisqu’il a été condamné par contumace. Il sera alors peut-être une détention provisoire en attendant le procès dont je viens de parler. Donc il y a une double hypothèse qui se présente, à savoir un retour négocié ou un retour volontaire et solitaire avec les implications judiciaires qui pourraient en découler », analyse pour 7info, docteur Eddie Guipié.

Bonne ou mauvaise nouvelle?

Ancien secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) et ensuite chef de l’ex-rébellion armée des Forces nouvelles, avant d’occuper de fonctions dans l’administration, Guillaume Soro a pendant longtemps été un homme influent en Côte d’Ivoire. Le mur de glace installé entre lui et les autorités ivoiriennes qui a conduit à son départ en exil, n’était pas perçu comme un bon signal dans le pays. Dans son message du dimanche 12 novembre, Guillaume Soro annonce que sa décision vise aussi à « contribuer la réconciliation des fils et des filles » de la Côte d’Ivoire, et « apporter sa pierre à l’édification de la paix et de la concorde entre les peuples d’Afrique ».

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« Il serait difficile de répondre par l’affirmative ou la négative si sa décision de mettre fin à son exil est une bonne ou mauvaise nouvelle. C’est une nouvelle donne à considérer. Mais il faut savoir que l’appréciation est du ressort des autorités gouvernementales même s’il y a aussi la posture de celui qui veut rentrer qui va conditionner cette appréciation des autorités et des pouvoirs ivoiriens. Rentrer dans une optique de défiance ne serait pas profitable à ce dernier. Par contre prendre attache avec les autorités au nom d’un potentiel processus de paix, d’une réconciliation, cela va impacter différemment la décision des autorités et des pouvoirs publics ivoiriens. C’est une nouvelle donne en tout cas qu’il faut considérer. Évidemment, la peur majeure qu’a été Soro Guillaume avait été quelque peu éludée de l’actualité politique ivoirienne. Aujourd’hui, il fait l’actualité, pour combien de temps, quelles seront les suites ? Nous nous posons les mêmes questions », analyse l’universitaire ivoirien.

Richard Yasseu

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