Dans son allocution télévisée de ce jeudi 19 décembre, le président Alpha Condé a annoncé qu’il remettrait aux Guinéens le projet de nouvelle Constitution à référendum, malgré la vindicte populaire ayant causé une vingtaine de morts en l’espace de deux mois.
Élu en 2010 et réélu en 2015, Alpha Condé avait déjà qualifié la Constitution datant de 2010 de « concentré d’intérêts corporatistes ».
Dans son allocution ce jeudi 19 décembre au soir, le président guinéen a déclaré que « Depuis un certain temps, le débat sur l’opportunité, la nécessité de doter la République de Guinée d’une nouvelle Constitution en remplacement de celle du 7 mai 2010 s’est instruit dans notre pays (…) ».
À cette fin, le dirigeant guinéen a déclaré avoir saisi le président de l’Assemblée nationale pour obtenir un avis consultatif sur l’avant-projet. Il aurait également saisi la Cour constitutionnelle d’une demande d’avis de conformité de la démarche.
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M.Condé a indiqué par la suite que le nouveau projet de Constitution ferait « l’objet d’une large vulgarisation avant son adoption par le peuple souverain », ce qui sous entend que le Président guinéen entend soumettre ce projet à un éventuel référendum, malgré les contestations massives. Depuis le mois d’octobre, un collectif constitué de partis politiques et représentants de la société civile invite à faire barrage au nouveau projet de loi. Sur les réseaux sociaux, les Guinéens appellent les protestataires à se rallier autour du hashtag « #Amoulanfe » signifiant « Ça ne passera pas ».
La population guinéenne se mobilise également dans la rue. Le pays est depuis plusieurs semaines secoué par de massives contestations. Brutalement réprimées par les forces de l’ordre, elles auraient causé la mort d’au moins 20 guinéens.
Le président Condé, 81 ans, s’est gardé de dévoiler ses intentions lors de son allocution, mais l’opposition et une partie de la société civile murmurent que le dirigeant guinéen voudrait briguer un nouveau mandat fin 2020, à l’expiration de son mandat actuel.
Rappelons qu’en son article 40, la Constitution en vigueur stipule que « le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois ».
En face, la rue maintient la pression qui ne semble pas faire fléchir le Pr Alpha Condé.
Manuela Pokossy-Coulibaly
7info.ci