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Guinée : procès du 28 septembre, ce que risque Moussa Dadis Camara 

Mis à jour le 26 septembre 2022
Publié le 27/09/2022 à 9:00 , ,

Moussa Dadis Camara est de retour en Guinée. L’ex-chef de la junte guinéenne est-il prêt à assumer devant la justice sa part de responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2019 ? 

 

Arrivé en Guinée son pays, le dimanche 25 septembre 2022, Moussa Dadis Camara et dix autres co-accusés, seront devant les juges, le mercredi 28 septembre. Ils sont cités dans le procès du massacre du 28 septembre 2019 perpétré par la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), alors qu’il était au pouvoir.

Le colonel Mamadi Doumbouya en a fait un point d’honneur, en ordonnant son ouverture au plus tard à la date de la commémoration du 13e anniversaire des faits, soit le 28 septembre 2022.

Le capitaine Camara, arrivé au pouvoir en 2008 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, fait partie des onze anciens responsables appelés à comparaître mercredi pour les exactions commises le 28 septembre 2009 à l’intérieur et aux abords du stade du 28-Septembre. Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader Dadis Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.

Ce retour au pays, de l’homme qui dirigeait la Guinée au moment des faits et reste inculpé pour son rôle présumé dans lesdits événements qui avaient fait au moins 156 morts, des milliers de blessés et des centaines de femmes violées, selon les résultats d’une enquête indépendante de l’ONU.

Le capitaine va-t-il s’assumer ? L’ex-chef du Conseil national pour la démocratie et le développement ne prend-il pas des risques ? s’interroge Sylla Siradiou, un journaliste politique guinéen.

« On attend de voir, d’autant plus que dans ce dossier, la justice a promis faire toute la lumière. Mieux, le colonel Doumbouya a aussi promis de ne pas interférer dans les dossiers judiciaires. Bien qu’il clame haut et fort son innocence, il reste entendu que la responsabilité morale du capitaine Moussa Dadis Camara est engagée dans cette affaire. En tout état de cause, l’occasion lui est donnée, et ce serait à son honneur, de saisir l’opportunité de ce procès dont l’ouverture pourrait intervenir dans les tout- prochains jours, pour dire sa part de vérité et décharger sa conscience dans une affaire dont ses compatriotes, principalement les parents des victimes, n’attendent que la vérité pour que justice soit rendue.  Se montrera-t-il à la hauteur de l’histoire ? Il y a intérêt, s’il tient à laver son honneur et à prouver au peuple guinéen qu’il est un homme de parole », analyse le journaliste guinéen joint par 7info.

À l’époque, Moussa Dadis Camara a été remplacé par le général Sékouba Konaté, à la tête d’une transition qui a abouti à l’élection d’Alpha Condé en 2010. Sékouba Konaté avait été interdit de rentrer en Guinée à la suite du coup d’Etat annoncé par le régime de Condé en juillet 2011. Plusieurs de ses proches avaient ensuite été arrêtés.

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Les deux ex-dirigeants sont « autorisés à visiter la Guinée mais s’ils veulent y rester aussi, à mon avis, il n’y aura pas de problèmes puisqu’ils sont tous les deux citoyens Guinéens », selon Jean-Baptiste Jocaley Haba, un avocat du capitaine Camara.

Il n’était pas possible immédiatement de savoir, auprès des autorités guinéennes, si cette autorisation de visite était temporaire ou définitive.

Renforcer l’unité nationale et la paix sociale

La junte a par souci de « renforcement de l’unité nationale et d’apaisement, accueilli favorablement les demandes de visite au pays » de Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, selon les termes d’un communiqué officiel lu le mardi 30 novembre 2021, à la télévision publique. Le gouvernement va « examiner au cas par cas les modalités concrètes des visites », précise le texte.

 « Cet acte purement humanitaire ne traduit en rien une volonté d’ingérence dans une quelconque procédure judiciaire », précise le communiqué.

 En attendant de voir l’évolution du dossier, on peut saluer le mérite du chef du CNRD, le colonel Mamady Doumbouya qui, dès sa prise de pouvoir en septembre 2021, avait promis d’œuvrer à tourner la page pour permettre au pays d’amorcer un nouveau départ.  En tout cas, le jugement du dossier du massacre du 28 septembre va constituer, à n’en point douter, un véritable ouf de soulagement pour les parents des victimes.

Cela dit, ce procès tant attendu ne doit pas occulter les autres sujets majeurs, notamment la durée de la transition qui continue de faire polémique. Il est temps, pour le colonel Doumbouya et ses frères d’armes, de revoir leurs ambitions en fixant un calendrier raisonnable devant conduire le pays à des élections pluralistes pour le retour à l’ordre constitutionnel.

Tristan Sahi

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