Haïti, l’un des pays les plus pauvres de la planète, s’enfonce progressivement dans une nouvelle crise politique. Face au refus du président Jovenel Moïse de quitter le pouvoir, la justice a mis fin au mandat de ce dernier et a procédé à la nomination le lundi 8 février d’un juge président par intérim.
Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire haïtien a reconnu, le dimanche 7 février 2021, la fin du mandat du président Jovenel Moïse. Mais, ce dernier soutient qu’il lui reste encore un an à faire au pouvoir. Arguant avoir échappé à un assassinat, le président Jovenel Moïse a procédé à l’arrestation d’une vingtaine de personnes dont le juge de la Cours de cassation et une inspectrice générale de la police nationale. De son côté, l’opposition accuse Jovenel Moïse de vouloir prolonger de façon illégale son mandat. En accord avec la justice du pays, elle a procédé à la désignation du juge Joseph Mécène Jean Louis chef de l’Etat provisoire de la plus vieille République noire.
« Je déclare accepter le choix de l’opposition et de la société civile comme président provisoire de la rupture », a déclaré le juge Joseph Mécène Jean Louis.
Ce changement au pouvoir est rejeté à l’international. Dans une déclaration le vendredi 5 février, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price a soutenu qu’un nouveau président désigné devrait « succéder au président Jovenel Moïse au terme de son mandat, le 7 février 2022 ».
Une déclaration qui a fait réagir l’opposant André Michel : « La déclaration américaine n’a aucune importance politique, c’est peut-être une manœuvre qui vise à casser la mobilisation populaire sur le terrain… Aucun pays ne peut nous demander d’accepter la violation de notre constitution », réagit-il.
Jovenel Moïse a été élu en 2015 dès le premier tour de la présidentielle, mais le scrutin avait été annulé en raison de fraudes massives. En octobre 2016, il fut déclaré vainqueur au deuxième tour du scrutin présidentiel, mais il prend fonction le 7 février 2017. En Haïti, le mandat présidentiel dure cinq ans et débute le 7 février de l’année suivant les élections. Cette date symbolise la fin de trois décennies de dictature des Duvalier, père et fils.
Arnaud Houssou
7info.ci