Analyses

Edito/ Hamed Bakayoko : des attaques à côté de la plaque

Mis à jour le 2 mars 2021
Publié le 02/03/2021 à 4:43 , , ,

Il y a des opportunismes qui ressemblent à des lâchetés. Chris Yapi, étonnement silencieux depuis l’élection présidentielle, les rumeurs de coup d’État et l’échec du CNT, ainsi que d’autres tenants de faux comptes Facebook, tentent de profiter du repos temporaire du Premier ministre, Hamed Bakayoko, pour, croient-ils, lui porter un coup fatal. C’est une plaisanterie.

Il faut dire que ces redresseurs de torts se prévalent souvent du prestigieux état de « journaliste d’investigation » pour propager leurs insinuations, leurs accusations fallacieuses, voire leurs calomnies. C’est à peu près comme si moi-même, accoutré d’une chasuble mauve et d’une mitre, je décidais de distribuer la communion aux croyants, comme un archevêque. Je n’en serais pas moins un usurpateur. Eh bien, enfiler des prétendues « informations » les unes derrières les autres, le plus souvent souvent fausses ou non avérées, en restant anonyme, sans assumer ses écrits, sans jamais avancer aucune preuve concrète de ses dires autre que « un très proche m’a dit », et sans jamais reconnaître ses erreurs, c’est du journalisme de pacotille. Pire, c’est de l’escroquerie.

Le procédé est vieux comme la propagande : sauter sur un fait d’actualité existant, une saisie par les autorités sécuritaires d’une quantité exceptionnelle de drogue, pour y associer de vieilles accusations contre le chef du gouvernement qui se soigne et se repose actuellement en France. L’accusation, on aurait envie d’en rire si elle n’était d’une exceptionnelle gravité, n’est, de plus, étayée par rien : Hamed Bakayoko serait le parrain du trafic de la drogue dans toute la sous-région, voire, pourquoi pas, dans toute l’Afrique subsaharienne. L’affaire, sur fond de rivalités au sein du pouvoir, serait donc mise à jour par ses adversaires pour faire tomber le Premier ministre. Ceux qui profèrent de telles accusations ont intérêt à « avoir des billes » pour les soutenir. Car elles relèvent du pénal.

Soyons sérieux, la première fois que ces insinuations contre Hamed Bakayoko sont sorties, par un étrange canal, l’ambassade des États-Unis elle-même s’est sentie dans l’obligation de réagir pour les démentir. Que disait son communiqué ? D’abord, que les États-Unis d’Amérique luttent contre le trafic de la drogue partout dans le monde, c’est l’une de leurs priorités. Ensuite, qu’ils sont satisfaits de leur collaboration avec les autorités ivoiriennes en matière de lutte contre le trafic de drogue. Enfin, qu’ils poursuivent et emprisonnent tous ceux qui s’adonnent à ces trafics. Ce langage diplomatique peut se traduire ainsi : si Hamed Bakayoko était celui qu’on dit, il y a longtemps que les Américains l’auraient identifié et mis hors d’état de poursuivre ces activités illicites. Mais les accusateurs doivent sûrement en savoir plus que tous les services américains réunis.

Il n’est pas ici dans mon intention de nier les tensions, voire les rivalités, qui existent au sein de la majorité. Ni de laisser penser que le RHDP est un bain de jouvence. C’est cela la politique et c’est ainsi dans tous les partis sous tous les tropiques. Je souhaite plutôt appeler ceux pour qui la raison, ou simplement le travail bien fait restent une référence, à se méfier des feux de paille, des accusations à l’emporte-pièce, sans preuve. Je veux dire à ceux qui aiment s’informer qu’il ne faut pas se laisser entraîner par des « on-dit » qui souvent ne sont que des diffamations.

Notre métier, le journalisme, a des règles qui s’apprennent dans des écoles. C’est pour cela, d’ailleurs, que c’est un métier. Cela semble facile d’appliquer les règles, mais ça ne l’est pas. Il est bien plus aisé de passer outre les règles contraignantes de la vérification des faits. Dans ce dernier cas, les écrits ressemblent à du journalisme, ils en ont la couleur, mais ils n’en sont pas, n’en seront jamais et n’en auront jamais la saveur. C’est du journalisme « Canada dry », boisson sucrée qui ressemble à de l’alcool, mais ne remplacera jamais un bon whisky. En l’espèce, on parle soit d’incompétence soit de malveillance.

Devinette : Chris Yapi et ses suiveurs sont-ils incompétents ou malveillants ? Moi, j’ai mon idée.

 

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