L’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko était pour lui « un patron, un père, un mentor et un formateur ». Un an après la tragique disparition de l’ancien chef du gouvernement, Assane Coulibaly garde encore un souvenir vivace de lui.
Fondateur de la plateforme numérique Police Secours, ce jeune entrepreneur ne pensait pas que son chemin allait rencontrer un jour celui de l’ancien Premier ministre. C’est le coup du hasard qui a décidé pour lui. « Tout est parti de l’hôtel de golf en 2010 », confie-t-il. Alors qu’il travaillait dans une structure de communication audiovisuelle qui avait été cooptée pour faire des capsules pour le candidat Alassane Ouattara à cette époque, il se trouve à répondre à un appel d’urgence d’Hamed Bakayoko. Il s’agissait de faire des films du candidat en remplacement du caméraman habituel qui était absent. « Depuis ce jour, j’ai gardé de bons rapports avec lui. Et quand le RHDP est arrivé au pouvoir à l’issue des élections, il est nommé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Il avait besoin de techniciens pour son équipe de communication personnelle. Il s’est souvenu de moi et a demandé qu’on me fasse venir pour intégrer cette équipe », raconte-t-il à 7info.
Évoquant la création de la plateforme Police Secours, Assane Coulibaly révèle qu’il a été inspiré par l’ex-chef du gouvernement à travers une invitation lancée aux jeunes de créer des choses inédites pour aider le pays à avancer après la sortie de crise. « Après cet appel lancé à la jeunesse, je me suis dit, j’aime les réseaux sociaux et je suis au ministère de la Sécurité où je vois les grandes actions de la police pour sécuriser les populations, mais qui restent inconnues du grand public. La population ne sait pas comment joindre la police ni les pompiers. Je me suis alors dit pourquoi ne pas mettre une plateforme en place qui sera un centre d’appel pour améliorer cette relation police-population. J’ai mis le projet à exécution. Il a commencé à faire son petit bonhomme de chemin. Et un jour en réunion du service de communication il m’a chahuté en me disant de faire conduire le projet sinon il va me mettre en prison », raconte Assane Coulibaly.
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Entre le disparu et ses collaborateurs, des petits noms amicaux qui dépassent les protocoles existaient, fait savoir Assane Coulibaly. « Dans notre équipe de communication et même au-delà, quand quelqu’un dit Bandjougou, tout le monde sait que c’est de lui qu’il s’agit. C’était notre code pour l’appeler », révèle-t-il.
Pour lui, Hamed Bakayoko, au-delà du patron, ministre d’État donc qui fréquente les hauts lieux, était un homme qui avait aussi des envies ordinaires. Il raconte à cet effet un repas partagé dans un garbadrome dans la commune de Treichville. Un moment dont il garde d’ailleurs des souvenirs en images sur sa page Facebook. « C’était un dimanche, on venait à peine d’arriver du Gabon, et on était dans la commune de Marcory où il venait de prendre part à des obsèques. Quand nous sommes sortis de la cour de la famille à visiter, il a demandé s’il n’y avait pas de point de vente d’attiéké dans le quartier nous étions. Quelqu’un a dit qu’il connaissait un endroit à Treichville. On se rend à l’endroit indiqué et c’est lui-même qui va commander son attiéké, et s’est mis à l’aise comme tout homme ordinaire dans un garbadrome. Ce jour-là je ne l’ai pas reconnu. C’est moi-même qui ai pris la photo. Je me rappelle qu’il s’était un peu plaint en ces termes : frère même ici ? Laisse-moi manger mon attiéké tranquillement. Quelques jours plus tard, j’ai mis la photo sur ma page Facebook, il m’a demandé pourquoi j’avais mis une telle photo où il est en train de manger sur les réseaux sociaux ? Je lui ai dit que les Ivoiriens appréciaient énormément la simplicité dans laquelle il était. Il a répondu, ‘c’est vous les professionnels, c’est vous qui voyez’, soutient-il.
Si ces souvenirs sont encore vivaces dans la mémoire d’Assane Coulibaly, la disparition de l’ex-Premier ministre reste pour lui un choc. « C’est une grosse perte. On n’a pas fini de le pleurer. On a l’impression qu’il est encore là. Pour nous, ses ex-collaborateurs, c’est comme un film parce qu’on n’a jamais pensé à cela, jamais », conclut-il.