Henriette Koizan Bomo, la biche royale d’Henri Konan Bédié (HKB) est veuve depuis le 1er août 2023, triste jour pour l’ex-Première Dame de Côte d’Ivoire qui a vu la disparition brusque de son époux. Le couple Henri-Henriette aura fait 66 ans de vie commune.
L’idylle entre Henriette et Henri Konan Bédié remonte dans les années 50. C’est en 1953, alors élève au Collège moderne de Guiglo, que le jeune Aimé Konan Bédié va succomber au charme de son amie.
En effet, c’est sur la présentation d’une photo d’Henriette, née le 28 décembre 1938 à Koukourandoumi (Aboisso) que va naître une histoire d’amour entre les deux adolescents. Très vite, la relation prend forme. La jeune fille qu’elle était, ne se fait pas prier pour se lancer dans les bras de ce ‘’prince’’ à peine âgé de 19 ans.
Né le 5 mai 1934 dans le village de Dadiékro, dans le département de Daoukro, Centre-est du pays, Henri Konan Bédié est issu d’une fratrie de neuf enfants. Il est fils d’un cultivateur de cacao. Dans son autobiographie intitulée “Les chemins de ma vie”, il explique avoir « été élevé dans les principes de cette noblesse : l’honneur, le sens du commandement, mais aussi l’obéissance. L’éducation que j’ai reçue ne m’a pas inculqué l’idée que je devais un jour me préparer à gouverner les Ivoiriens. On naît prince de sang sans être nécessairement le prince héritier ».
« Elle était timide et jolie comme une biche royale. Sa beauté m’avait captivée dès les premiers jours. La gentillesse de sa famille aussi », révélait-il.
HKB s’est même fait ajouter le prénom « Henri » en référence au prénom de sa femme « Henriette » après son baptême. Leur amour a abouti au mariage le 3 avril 1957, en France, à Poitiers. De cette union sont nés trois enfants : Lucette Bédié, Jean-Luc Bédié et Patrick Bédié.
Mais Henriette Bomo doit se résoudre à se séparer de son “petit ami”, lancé dans la politique très tôt. Car, après l’obtention de son baccalauréat à Dabou, et compte tenu de ses activités politiques, on lui refuse l’accès à l’université de Dakar, symbole de l’enseignement colonial. Sa famille lève une cotisation pour l’envoyer en France où il étudie à l’université de Poitiers. Il y obtient plusieurs diplômes en droit, en économie politique et en sciences économiques, parallèlement à ses activités au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF).
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L’Amour, le pouvoir et l’exil
Le jeune noble baoulé gravit les échelons et multiplie les hauts postes de l’administration jusqu’à occuper des fonctions d’ambassadeur, de président de l’Assemblée nationale et de chef d’Etat en 1993 après le décès de Félix Houphouët Boigny. Henriette Bédié connaîtra l’amour vrai, le pouvoir et le secret du palais présidentiel aux côtés de l’héritier d’Houphouët-Boigny. Mais aussi l’exil à la chute du régime du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) en 1999.
Renversé par un coup d’Etat en décembre 1999, Bédié décide de rentrer dans son pays après deux ans d’exil. Elle n’a pas réussi à contenir ses larmes. À peine arrivée sur le tarmac de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, elle s’est effondrée. Henriette Konan Bédié est rentrée à Abidjan.
On se souvient que lors du 3e anniversaire de l’appel politique de Daoukro, HKB a rendu publiquement hommage à son épouse.
« Je ne peux terminer cette allocution sans adresser un mot spécial à mon épouse adorée, source d’inspiration intarissable. Son soutien constant depuis tant d’années, son amour, sa patience et sa compréhension ont fait de moi, l’homme que je suis devenu et je tiens à l’en remercier de tout cœur. Je vous invite à vous joindre à moi pour la saluer. Mme Bédié, ma biche royale, fais-moi honneur et le plaisir de me rejoindre ici », a-t-il lancé sous un tonnerre d’applaudissements.
Tristan Sahi