C’est un véritable coup de massue pour la nation ivoirienne. Le pays vient de perdre son Premier ministre, chef du gouvernement. Hamed Bakayoko a tiré sa révérence dans la journée du mercredi 10 mars 2021 des suites d’un cancer. De lui, l’on retiendra l’image d’un homme politique qui faisait l’unanimité dans tous les bords politiques.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan, Hamed Bakayoko s’est le plus illustré dans la politique. Il entre dans ce milieu très jeune après une période de syndicalisme au sein du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci). D’abord militant de base de l’ex-Rassemblement des républicains (RDR), il gravira peu à peu des échelons au niveau de cette formation politique jusqu’à faire partie du cercle restreint proche de la famille Ouattara, pour ensuite faire son entrée au bureau politique de cette formation politique. C’est d’ailleurs pour le compte de ce parti qu’en 2003, qu’il fait son entrée en tant que ministre des NTICs dans le gouvernement ivoirien, sorti des accords parisiens de Linas Marcoussis.
Charismatique homme politique, ‘’HamBak’’ comme l’appellent ses proches, avait un sens de l’ouverture et une approche facile. Des qualités qui lui valaient d’être accepté dans presque toutes les tendances politiques du pays. Hamed Bakayoko pouvait, comme on le dit en Côte d’Ivoire, prendre le petit déjeuner avec les partisans de la gauche ivoirienne le matin, déjeuner avec les centristes à midi et dîner avec les acteurs de la droite le soir.
Des indiscrétions révèlent même que l’ancien dirigeant ivoirien Laurent Gbagbo, alors qu’il était aux affaires de l’État, aimait à le recevoir chez lui pour des moments de convivialité. Mi-septembre 2017, encore ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et alors que des signes apparents d’un malaise au RHDP pointaient, c’est lui qui a été choisi comme parrain de la cérémonie du troisième anniversaire de l’appel de Daoukro.
Fraîchement nommé ministre d’État, ministre de la Défense en 2017, Hamed Bakayoko avait également réussi à faire oublier le triste moment d’incertitude né des mutineries qui ont éclaté cette année-là. À travers une série de tournées dans les casernes et des entretiens continus, il s’est mis à l’écoute des troupes pour apporter des solutions à leurs problèmes, et su se faire aimer dans ce milieu.
Hamed Bakayoko, c’est aussi le rassembleur pour un dialogue politique et une cohésion sociale. Nommé Premier ministre, le 30 juillet 2020, il en fait d’ailleurs ses priorités. Très vite à la tâche, l’homme réussit à mettre autour d’une même table les responsables de tous les partis politiques ivoiriens en vue d’une relance du dialogue inter-ivoirien en panne depuis des mois. Initiative qui s’avérait indispensable dans une Côte d’Ivoire sortie fracturée d’une élection présidentielle tenue le 31 octobre 2020. Son action a même favorisé le retour d’un climat apaisé et permis l’organisation des élections législatives tenues le 6 mars 2021.
C’est cet homme, charismatique, que la grande faucheuse vient d’arracher à l’affection de toute la nation ivoirienne le mercredi 10 mars 2021.