Le sujet fait polémique sur les réseaux sociaux. L’artiste reggae Alpha Blondy lors de sa prestation au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé dans le cadre des hommages à l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko, a joué sa chanson ‘’Le feu’’. Un morceau chanté alors que le reggaeman a voulu qu’un ministre ivoirien soit à ses côtés.
L’instant, au-delà de son aspect artistique intrigue, car le titre chanté suscite des interrogations non seulement pour son contenu fort et engagé, mais surtout pour le destinataire de la chanson. La méga star ivoirienne a voulu que pour cette chanson, le ministre Mamadou Touré de la Promotion de la jeunesse et de l’Emploi jeune qui avait fredonné avec lui quelques instants plutôt son premier titre, soit à ses côtés. «Madou, petit frère, j’ai aussi une chanson pour toi », lui a dit en substance Alpha Blondy tout en lui ajustant le haut de la veste avant de se lancer dans un a cappella du titre « Le feu ». « Vous jouez avec le feu. Vous jouez avec le feu. Vos querelles sempiternelles font la louange de la géhenne. Avec vos querelles personnelles, vous nous éclaboussez, de votre haine. Vaut mieux une fin effroyable, qu’un effroi sans fin. Vous vous trompez de guerre, parce que vous vous trompez d’adversaire. Et vous jouez avec le feu, vous jouez avec le feu… », a chanté l’artiste reggae, repris en chœur par la dizaine de milliers de personnes présentes dans cette enceinte sportive.
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Chanson choisie à dessein par son auteur lors de ce moment particulier pour faire une interpellation ? Certains le pensent. « Nous les Ivoiriens, nous avons vraiment joué avec le feu au regard de tout ce qui se passe dans le pays. C’est maintenant qu’on s’en rend compte. Merci de nous le rappeler », commente Patricia Joyce, tout comme bien d’autres sur la toile, où chacun y va de son interprétation. D’aucuns y voient spécialement une interpellation de la classe politique quant à la gestion de la cohésion sociale, et n’hésitent pas à citer le président ivoirien qui serait le véritable destinataire de la chanson. Point de vue combattu par d’autres internautes.
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« Ce n’est pas tout le monde qui peut jouer avec le feu. Le Président Ouattara est un pompier. Il peut donc jouer avec le feu parce qu’il est équipé à cet effet. Il a des instruments pour combattre le feu. En 2010, il a bravé le feu pour être au Palais présidentiel. En 2020, alors qu’on ne vendait pas cher sa peau, il traverse le feu au grand désarroi de ses adversaires. Qu’en est-il pour ses fervents et farouches détracteurs ? Ils se sont amusés avec le feu et ils en sont sortis calcinés. Le feu du Conseil national de transition (CNT) les a brûlés, les obligeant à rentrer dans les rangs. La chaleur du feu était tellement intense que certains ont disparu, pour ne réapparaître que plus tard, brûlés au deuxième degré. Ce qui amène à dire qu’il y a ceux qui ont le secret du feu et ceux qui en subissent les effets », commente pour sa part l’internaute Yacouba Doumbia.
Le reggae une musique de contestation
Le cadre et le titre chanté prêtaient-ils au moment ? Pour Dr Eddie Guipié, Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon coulibaly de Korhogo, la musique est une question d’inspiration. « C’est à l’artiste qu’il faudrait demander pour avoir plus d’information sur son action. Toutefois, il faut savoir que le reggae est une musique de contestation. Et Alpha Blondy a déjà rédigé des textes et joué des musiques qui s’adressaient aux politiciens afin que ces derniers puissent préserver la paix sociale. S’il a interpellé de cette manière le ministre Mamadou Touré en voulant qu’il reste à ses côtés pour prononcer certaines paroles fortes, c’est qu’il souhaitait s’adresser au ministre ou pas forcément à lui. Cela peut être interprété dans tous les sens. Peut-être aussi que la chanson n’a pas été choisie au hasard. Quoiqu’il en soit, seul l’artiste peut expliquer ses intentions réelles quant au choix de cette chanson et le maintien du ministre à ses côtés pendant qu’il jouait », soutient l’universitaire.
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En attendant que l’artiste explique le sens de son action posée au stade d’Ebimpé, la classe politique et les Ivoiriens feraient bien de tenir compte de ce message d’Alpha Blondy afin d’éviter le feu.
