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Immigration- En détresse et bloqués en Libye, 151 migrants ivoiriens rapatriés

Mis à jour le 2 janvier 2019
Publié le 22/03/2017 à 3:46

151 ressortissants ivoiriens vivants en situation de précarité en Libye, ont regagné volontairement leur pays, ce mardi 21 mars en fin d’après-midi, a constaté sur place Politikafrique.info.

Bras ballants pour certains, baluchon en mains pour d’autres et le regard perdu dans le vide pour tous, 151 migrants ivoiriens, qui étaient en situation difficile en Libye, sont arrivés à Abidjan en début de soirée ce mardi 21 mars.  Sur les visages, se lisent le désarroi et la tristesse. Dans un pavillon annexe de l’aéroport aménagé pour la circonstance, des agents de l’Organisation internationale pour l’immigration (OIM) Côte d’Ivoire et des responsables du ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, procèdent à leur enregistrement en vue d’une prise en charge.

En Libye, ces ivoiriens vivaient dans une situation d’insécurité. Soumahoro Fatoumata y a fait près d’un an. Avec à ses côtés un garçonnet, elle raconte son séjour et ses motivations pour le retour. « Depuis quelques jours il ne fait plus bon vivre en Libye. Le pays est gâté. Ils ont cassé notre maison. J’ai fait trois mois de prison sans raison avec mon enfant. C’est pourquoi je suis revenue. C’est la police de Libye qui m’a mise en prison.  Il y a encore de nombreux ivoiriens en prison là-bas. Ils ont tué plusieurs personnes parmi lesquelles il y avait des ivoiriens », dit-elle les larmes aux yeux tout en ajoutant être sortie de prison seulement ce mardi 21 mars matin.

Si Soumahoro Fatoumata dit sa joie de se retrouver dans son pays la Côte d’Ivoire, elle garde tout de même un poids sur le cœur. Elle est sans nouvelles de son mari et de son petit-frère avec lequel elle l’avait rejoint.  « Je ne sais plus où se trouvent mon mari et mon petit frère. Je les ai cherchés partout en vain », regrette-elle. Non sans rejeter désormais toute idée de retourner dans ce pays.

Yéo Kolo, la vingtaine révolue, est originaire de la ville de San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Il vient également d’arriver après un an et sept mois en Libye. Mais pas de façon volontaire précise-t-il. « J’ai été rapatrié. Des libyens ont attaqué le foyer dans lequel je vivais. C’était le 14 janvier. Depuis, j’étais en prison jusqu’aujourd’hui où je me retrouve en Côte d’Ivoire. Plusieurs de mes compagnons ont été tués, d’autres plus chanceux ont eu des membres cassés. Pour ma part, toutes mes économies étaient finies. Je n’avais plus rien, donc j’étais bloqué en Libye », raconte-t-il.   

Lui, dit être sorti de la Côte d’Ivoire à la recherche de l’eldorado. L’Europe était sa destination. « J’ai laissé la Côte d’Ivoire parce que je n’ai pas de métier et aussi parce que je n’ai pas été à l’école.  Je ne voyais donc pas mon avenir dans ce pays où je n’ai de métier à exercer. C’est pourquoi j’ai voulu partir en Europe pour me débrouiller », fait savoir Yéo Kolo. Il chiffre ses investissements pour cette aventure à 1 200 000 FCFA.

Aujourd’hui, tout comme Soumahoro Fatoumata, il ne compte plus retourner en Libye. Mieux, il déconseille ses compatriotes de suivre ce chemin. « Je ne conseille pas à mes frères ivoiriens d’essayer ce que j’ai fait. Les pays magrébins ne sont pas faciles. La Libye est pire. J’ai fait l’Algérie et la Libye. Croyez-moi, ils sont racistes », insiste-il.

Le soutien des autorités

Dans cette ambiance, la direction générale des ivoiriens de l’extérieur (DGIE), aidée de l’Organisation internationale pour l’immigration, est au four et au moulin. Selon Issiaka Konaté, son premier responsable, « C’est dans le cadre de ce que l’OIM appelle l’évacuation sanitaire, c’est-à-dire des migrants qui se retrouvent en situation  d’extrême détresse et qui demandent à revenir dans leur pays, que ce retour est facilité par l’Organisation internationale pour les migrants, en rapport avec la Côte d’Ivoire », fait-il savoir. S’agissant de leur intégration après ce retour, le DG de la DGIE est sans équivoque. « Il est difficile de dire combien de temps va prendre cette intégration. J’ai toujours été très constant dans mes propos. J’ai toujours dit que je suis opposé à une hiérarchisation de la souffrance. On ne va dire que quelqu’un qui a voyagé souffre plus que l’ivoirien lambda qui attend aussi une intégration dans un domaine bien précis. Ce qu’il faut faire c’est de mettre ces personnes à la disposition des services étatiques qui sont déjà bien en place en Côte d’Ivoire et chaque ivoirien a le même droit. Qui qu’il soit, où qu’il vit. Et que ces ivoiriens bénéficient des mêmes appuis que les nationaux qui sont présents ici sur le territoire ivoirien », soutient Issiaka Konaté, pour qui ce retour est perçu comme un signe de prise de conscience quant à ce que l’eldorado n’est pas forcément ailleurs.     

Richard Yasseu
Source : rédaction Politikafrique.info

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