Pour son premier entretien avec un média depuis son retour en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, par ailleurs leader du nouveau parti panafricaniste, a fait le choix d’un média occidental. Reléguant les médias Africains, et singulièrement Ivoiriens, au second plan.
C’était sa première interview depuis son retour en Côte d’Ivoire. C’est aussi et surtout la première après la naissance du Parti des Peuples Africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) sa nouvelle formation politique qui prône le panafricanisme. L’idée de communiquer autour de ce projet nouveau, est donc tout à fait naturelle. Surtout que la nouvelle formation va à la recherche d’adhérents, des militants et sympathisants.
Les moyens d’atteindre cette fin sont multiples. Les médias pour véhiculer le message sont nombreux. Sur le continent africain et plus encore en Côte d’Ivoire son pays, les organes de presse – journaux, radios, télévisions- se comptent par centaines. Les 16 et 17 octobre 2021, ces médias ivoiriens et africains se sont mobilisés, malgré plusieurs couacs d’organisation, pour accéder au palais des congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire afin de couvrir les deux jours qu’a duré le congrès constitutif du PPA-CI. On suppose que cette mobilisation médiatique nationale et africaine était du goût des responsables et des militants du nouveau parti.
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Alors que la logique de l’idéal défendu – le panafricanisme- aurait été que le privilège soit donné au continent, pour son premier rendez-vous avec la presse, l’ancien dirigeant ivoirien n’a pas choisi l’Afrique encore moins la Côte d’Ivoire, son pays. La contradiction saute aux yeux.
Quelques heures seulement après son appel à cultiver le panafricanisme, et donc à faire la promotion de ce qui est africain, Laurent Gbagbo a préféré donner le scoop à l’occident. Il a fait le choix d’un média français. C’est à un confrère européen que l’ex-chef d’Etat a décidé de parler en exclusivité. Négligeant volontairement les médias africains.
Pourtant, ses services de communication savent combien cette opportunité était attendue par les médias locaux. Et Dieu seul sait combien parmi les organes de presse ivoiriens et africains ont formulé des demandes d’interview.
Le réflexe est ancien. Il est malheureusement largement partagé par les dirigeants politiques en Afrique subsaharienne. Alors que tous les courants de pensée, les sociétés civiles, les intellectuels prônent plus d’autonomie pour nos pays, il serait temps que les actes se conforment aux paroles.