La constitution du RHDP en un parti unifié depuis ce lundi 16 juillet, suscite des réactions. Dans cet entretien, Dr Geoffroy-Julien Kouao juriste écrivain et analyste politique donne son appréciation de cette nouvelle formation politique.
Le RHDP unifié un nouveau parti politique vient de naitre en Côte d’Ivoire. Quel regard portez-vous sur l’avènement de cette nouvelle formation ?
Il faut dire que c’est un événement historique pour la vie politique nationale. L’avènement du parti unifié RHDP marque la fin des formations politiques importantes qui ont marqué pendant près de deux décennies la scène politique ivoirienne. Je fais principalement allusion au RDR et à l’UDPCI. C’est donc un moment historique. Le RHDP, hier était un groupement de partis politiques, c’est-à-dire une association de partis politiques. Aujourd’hui, c’est un parti politique, c’est-à-dire que les entités qui composaient ce groupement se sont fondues en un parti politique. Donc elles n’existent plus.
Avec cette nouvelle composition, les dénominations RDR, UDPCI, MFA et autres vont automatiquement disparaitre ?
Oui, c’est une évidence. C’est la conséquence logique. Le RDR, l’UDPCI, et tous les autres partis membres du parti unifié n’existent plus depuis hier (Ndlr, lundi 16 juillet). Depuis hier, il existe un nouveau parti politique qui s’appelle le RHDP unifié.
La naissance de ce parti unifié se fait alors qu’il y a des brouilles dans la mouvance présidentielle. Dans son discours d’orientation, le président ivoirien Alassane Ouattara désigné président du RHDP appelle son ainé Henri Konan Bédié le président du PDCI à les rejoindre…
C’est une offre politique. La question est de savoir si le président Ouattara sera entendu par le président Bédié. J’en doute fort. Si le PDCI veut reconquérir le pouvoir d’Etat, il a intérêt à rester dans sa posture actuelle qui est celle d’un parti politique différent du RHDP. Le PDCI est un grand parti qui a des ramifications dans le monde urbain comme dans le monde rural. Il a montré ses capacités de résilience à plusieurs reprises, et qui pourrait en cas de besoin le montrer en 2020. Si le PDCI rejoint par contre le RHDP, évidemment, il viendrait à disparaitre. Et au sein de ce parti unifié, évidemment, les militants ou la direction de ce parti ne pourrait présenter objectivement que le président de la République comme candidat en 2020 en cas de besoin.
Les présidents Ouattara et Bédié jusque-là ont toujours eu de très bons rapports. Mais dans son discours d’hier lundi, le président du RHDP ne cessait de répéter qu’il tend toujours la main à son aîné pour qu’il les rejoigne. Y a-t-il des chances que les deux hommes d’Etat marchent à nouveau main dans la main ?
C’est une offre politique que fait monsieur Ouattara. Il appartient à monsieur Bédié de l’accepter ou pas. Mais au regard de l’évolution de l’actualité politique nationale depuis quelques semaines, il serait difficile que monsieur Bédié revienne sur sa décision de ne pas intégrer le parti unifié.
En solitaire, quelles sont les chances du PDCI de remporter la présidentielle prochaine ?
Je pense en tant qu’observateur politique que le PDCI a des chances. Ces chances résident en sa non-participation au parti unifié. Le PDCI au risque de me répéter, est un parti historique qui a une bonne implantation sur le territoire national. Et qui peut faire une très bonne campagne présidentielle en 2020. A mon avis, si le PDCI par extraordinaire voulait reconquérir le pouvoir d’Etat, sa participation au RHDP lui serait vraiment fatale.
Entretien réalisé au téléphone par Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info