Invité par l’accélérateur de talent « Incub’Ivoire », Patrice Anato, député français La République en Marche de Seine-Saint-Denis et parrain de « Finale Environnement Startup », était ce mardi 9 octobre, sur les bords de la lagune Ebrié, à Abidjan. Dans l’interview accordée à Poleafrique.info, il exhorte la jeunesse africaine à s’investir dans le monde entrepreneurial de demain, et à faire rayonner son savoir-faire.
« Environnement Startup », qui promeut l’entrepreneuriat innovant et les jeunes talents en Côte d’Ivoire et en Afrique, souffle sa deuxième bougie. Quelle importance revêt votre présence ?
Ma présence vient de mon intérêt personnel pour le monde de l’entrepreneuriat et de la jeunesse. Je suis élu d’un département français, la Seine-Saint-Denis, qui est l’un des départements les plus jeunes de France et où le taux de création d’entreprise est très important. Il est nécessaire que nous puissions impulser la dynamique naturelle de ces départements par-delà les frontières. Je constate, à travers la création de startups, que la jeunesse africaine est vraiment motivée par l’aventure entrepreneuriale et la France veut l’accompagner dans cette voie. Récemment, le Président Emmanuel Macron a annoncé un fonds d’un milliard d’euros pour les petites entreprises et startups africaines. À travers mes fonctions de président du groupe d’étude parlementaire diplomatie-économique avec l’Afrique, et de vice-président du groupe d’amitié France-Côte d’Ivoire, je me suis moi-même saisi du sujet. Plusieurs axes me lient à la Côte d’Ivoire et à la jeunesse africaine. Je m’engage à insuffler cette dynamique et à l’accompagner au niveau de mes actions.
Cette jeunesse est-elle armée face au défi économique et de l’entreprise ?
La jeunesse africaine, et ivoirienne en particulier, a déjà pris le pas. Maintenant elle nécessite d’être accompagnée par des structures, comme « Incub’ Ivoire », et aussi d’être fédérée pour pouvoir avancer en bloc, en meute. Il est important que cette jeunesse soit encadrée, car qui parle de startups parle d’un rêve, et un rêve ne peut se concrétiser que si on y met véritablement les moyens. Autrement, cela reste de l’utopie. Je crois que l’Afrique est prête pour rentrer dans cette nouvelle ère, et relever avec succès ces défis.
Comment imaginez-vous le futur économique et des entreprises du continent?
Je crois fortement en l’innovation technologique et au développement du digital. Par exemple, l’Afrique est un continent où l’agriculture occupe une part importante dans le développement économique. Pour une agriculture productive, qui a de bons rendements, on ne peut pas manquer l’ère du digital et de l’innovation technologique pour pouvoir entrer dans une agriculture beaucoup plus saine et responsable. Il ne faut pas oublier que nous faisons face au double défi climatique et environnemental. Tout cela doit s’articuler autour de l’évolution technologique. Avec le bond digital qu’à fait l’Afrique, nous croyons que c’est là que les valeurs et les emplois se créeront.
Vous participerez par ailleurs, l’année prochaine au « Festiof » qui promeut la francophonie. En Mars dernier, Emmanuel Macron proposait 33 propositions pour « promouvoir la langue française » dans le monde. Quelle est la place du français dans l’économie africaine ?
Actuellement, sur cinquante-quatre pays francophones, vingt-neuf sont en Afrique. Clairement, l’Afrique est le centre de gravité de la francophonie. Il est tout à fait normal que ce continent monte en puissance dans l’espace francophone. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui le français est la troisième langue parlée dans le monde économique. Il faut renforcer la place de la francophonie à travers les relations économiques, les accords internationaux, mais aussi et surtout à travers l’éducation, les échanges universitaires, la création de double-diplômes reconnus. Tout cela va dans le sens du développement et du renforcement de l’espace francophone.
Parlons à présent de votre département. Les 15-30 ans représentent environ 20% de la population. En 2016, 23% d’entre eux sont au chômage, contre 21% sur l’ensemble de la France. À l’échelle locale, comment comptez-vous combattre le chômage des jeunes, et « Environnement Startup » est-il un exemple ?
Le département de Seine-Saint-Denis est un département à fort potentiel. Il y a un vrai dynamisme de la jeunesse et les associations locales font des choses extraordinaires pour pouvoir impulser cette jeunesse. Paradoxalement, le taux de chômage est important. La solution n’est pas monolithique. C’est la raison pour laquelle le gouvernement, sous l’impulsion du Président, a annoncé une série de plans concernant les quartiers, les entreprises et la santé. Tous ces plans font partie d’une politique sociale globale, qui se veut d’apporter des solutions ciblées à ces difficultés d’accès à l’emploi. De mon côté je travaille aussi avec toutes les associations du département qui œuvrent dans le cadre de l’insertion professionnelle. Des événements sur le modèle d’« Environnement Start Up » font déjà partie de mon projet pour le département, et seront déployés dans les prochains mois.
Etes-vous fier de cette jeunesse ?
Oui, elle me rend fier ! D’autant qu’elle en veut. Elle envoie un message de volonté. La jeunesse veut prendre sa place dans le monde économique de demain. La Côte d’Ivoire, par exemple, est en pleine croissance économique, avec un taux à deux chiffres. La jeunesse africaine veut être au rendez-vous.
Réalisée par Eric Coulibay et Victor Mérat (Stagiaire)
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