Côte d’Ivoire

Jean-Claude Coulibaly (Pdt UNJCI): « Il y a des avancées dans le texte sur le régime juridique de la presse »

Mis à jour le 14 novembre 2022
Publié le 22/10/2022 à 8:00 , , , , , , ,

Quelles sont les modifications qui ont été apportées à la loi de 2017 portant régime juridique de la presse, passée il y a peu devant les députés et quels en sont les intérêts pour les journalistes ivoiriens.

Dans cet entretien, Jean-Claude Coulibaly, le président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire donne des éléments de réponse.

M. le président de l’UNJCI, un texte de loi modifiant la loi 2017 portant régime juridique de la presse vient de passer devant les députés à l’Assemblée nationale. Est-ce que les journalistes, premiers concernés par cette loi et principalement l’UNJCI, ont été associés à l’élaboration de cette loi ?

Ce n’est pas une modification en tant que telle, mais ce sont plutôt des amendements apportés à la loi de 2017. Nous n’avons pas été associés à une quelconque consultation pour cette loi. Mais nous avons eu le temps de lire le texte. Nous estimons qu’il y a des parties qui ne rencontrent pas notre assentiment. Toutefois, dans l’ensemble, nous constatons qu’il y a des avancées. Il est clair que nous contestons la procédure. La procédure aurait voulu que nous soyons consultés. L’UNJCI étant la faitière, mais on s’est rendu compte que nous n’avons pas été associés à l’élaboration de cette loi.

Certaines dispositions de ce texte parlent de la procédure pour obtenir la qualité de Directeur de publication, mais aussi de l’élargissement des pouvoirs de l’ANP pour lui permettre de mieux réguler le secteur du numérique où de nombreux journaux en ligne et sites internet sont nés dernièrement. Quel commentaire de l’UNJCI sur ces points ?

Oui, il y a des avancées comme je l’ai dit tantôt. Parmi ces avancées nous pouvons citer par exemple la disposition qui imposait à tous ceux qui souhaitaient avoir le titre de Directeur de publication d’un site internet ou d’un journal en ligne d’avoir une expérience de dix ans. Les amendements ont porté sur cette disposition. Et ces amendements ont ramené à cinq ans pour obtenir le titre de Directeur de publication. Pour nous, c’est une avancée. Dix ans, c’était énorme. Nous sommes d’accord avec cette avancée.

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Pour ce qui est de la presse numérique, il y avait un vide. En même temps que la presse papier était sanctionnée (suspensions et blâmes de journalistes, de même que les suspensions de parution, etc.), on s’est rendu compte qu’au niveau du numérique, il n’y en avait pas. Comme vous le savez, un journal en ligne peut être domicilié hors du territoire ivoirien. Donc la difficulté était que l’ANP n’avait pas la possibilité de porter des sanctions de deuxième et troisième degré à ces entreprises de presse qui sont domiciliées à l’étranger. Aujourd’hui, cela est possible parce que la loi donne l’autorisation à l’ARTCI sous plainte de l’ANP de suspendre le site internet incriminé. C’est donc un vide qui a été comblé, une injustice qui est réparée plus ou moins.

Cette disposition sous-entend que des journaux en ligne peuvent être fermés, donc des journalistes au chômage…

Oui pour ce qui est des sanctions, vous savez très bien que le président de l’UNJCI que je suis ne peut pas être d’accord avec une sanction ou la suspension d’un journal de même que des journalistes qui sont au chômage. La suspension d’un site, c’est de facto des journalistes qui sont au chômage. On ne peut pas être totalement d’accord avec une décision. Nous demandons que d’autres moyens, d’autres méthodes soient trouvés pour permettre aux journalistes de faire leur métier en toute responsabilité.

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C’est l’occasion aussi de lancer un appel de responsabilité à tous les journalistes. Je voudrais en profiter pour dire à mes confrères et consœurs que dans ce métier nous avons beaucoup de responsabilités. La plume et le micro donnent beaucoup de responsabilités aux journalistes. Car il peut être un pyromane par ses dires ou par ses écrits dans la société. Mais nous préférons que le journaliste ne soit pas un pyromane, mais plus tôt un pompier. Nous ne faisons pas de l’auto censure, mais qu’il soit un pompier. Il faut pour cela qu’on s’interroge tout le temps si ce que je fais rend service à la société ou non. La loi sur la presse ne couvre pas les crimes de droit commun.

Justement M. le président de l’UNJCI, une disposition de la loi de 2017 parle de l’emprisonnement, de la détention et de la garde à vue des journalistes. Pensez-vous que les acteurs des médias sont mieux protégés avec cette loi ?

Oui, la loi de 2017 proscrit totalement la garde à vue. Il n’y a pas de contournement. Le seul contournement qui se fait, c’est lorsqu’un journaliste doit être auditionné par la brigade de recherches ou dans un commissariat de police que l’audition prend du temps. On ne peut pas auditionner quelqu’un du matin jusqu’au soir. Ce n’est pas normal. C’est une manière de contourner les dispositions qui proscrit la garde à vue et la détention du journaliste. C’est ce que nous avons toujours dénoncé. Si un journaliste doit être auditionné, que cela ne prenne pas toute une journée.

Réalisé au téléphone par Richard Yasseu

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