La sortie d’Henri Konan Bédié l’ex-président ivoirien, par ailleurs leader du PDCI, sur l’orpaillage clandestin, qui constituerait un camouflage à la venue de mercenaires armés en prévision des élections présidentielles de 2020, suscite une réaction du ministère des Mines et de la Géologie.
Un bilan établi par le ministère des Mines et de la Géologie dont copie est parvenue à 7info.ci soutient que « Au bilan établi le 9 juin 2019, 4 localités ont été visitées, 6 sites traités, 34 poclins vus, 2 poclins saisis, 15 poclins susceptibles d’être saisis, 27 personnes interpellées dont 16 chinois, 2 burkinabé, 2 ghanéens et 8 ivoiriens. »
Des faits et actes de lutte contre les orpailleurs clandestins qui contredisent Bédié.
Le tacle du président du PDCI-RDA sur l’utilisation supposée d’orpailleurs clandestins à des fins politiques, a suscité une sortie du gouvernement par son Porte-parole, Sidi Tiémoko Touré qui estime que « Ces propos, d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger, sont de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l’unité nationale et la stabilité du pays. »
Selon Bédié, qui a évoqué le sujet le 5 mai dernier à Daoukro, « on fait venir des étrangers armés qui sont stationnés maintenant dans beaucoup de villages. Il faut simplement que nous soyons conscients, car le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire, sous le couvert de l’orpaillage », a rapporté le Porte-parole du gouvernement.
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Ce lundi 10 juin, Jean Louis Billon soutenait que selon la direction des Mines, laquelle n’existe plus depuis la réforme entreprise par le ministre Jean Claude Kouassi, pour mettre un frein à la corruption et les complicités dans ce phénomène, 3000 orpailleurs clandestins étaient recensés et seraient des non nationaux.
Bongouanou, Koffré dans la sous-préfecture de Kasséré, Angovia, Hiré, Alosso dans le département d’Alépé, Boniérédougou, la liste des localités s’allonge. A l’Ouest, le prédécesseur de Jean Claude Kouassi, Jean Claude Brou y avait lancé les premières opérations de lutte contre ce phénomène qui fait perdre des milliards FCFA à l’économie ivoirienne.
Selon le document du ministère des Mines et de la Géologie, « le bilan judiciaire de la lutte contre l’orpaillage clandestin permet de découvrir que le 9 mai 2019, 9 orpailleurs clandestins étaient condamnés par la section de Tribunal de Bongouanou à des peines d’amende de 50 000 000 FCFA chacun, au profit du Trésor public, soit 450 000 000 FCFA et 100 000 000 FCFA de dommages-intérêts au profit du Ministère des Mines et de la Géologie ».
Le « 22 mai 2019, c’est la condamnation de 5 orpailleurs clandestins dont 4 chinois par la Section de Tribunal de Soubré à des peines d’amende de 50 000 000 FCFA chacun au profit du Trésor public, soit 250 000 000 FCFA et 100 000 000 FCFA de dommages-intérêts au profit du Ministère des Mines et de la Géologie. Les 4 chinois ont été, par ailleurs, interdits de paraître sur le territoire national » qui démontrait l’engagement de l’Etat à traquer les nouveaux bandits de ce secteur d’activité.
« Ces condamnations pénales sont assorties de la confiscation, au profit de l’Etat, des armes et du matériel utilisé aux fins de l’orpaillage clandestin. Le montant total des amendes dues au Trésor public s’élève à 700 000 000 FCFA. Celui des dommages-intérêts dus au Ministère des Mines et de la Géologie s’élève à 200 000 000 FCFA », soutient le ministère des Mines et de la Géologie contacté par 7info.ci.
La Brigade de répression des infractions au code minier a mené des actions à Aboisso, Yakassé-Attoubrou et dans la région de l’Iffou. Du matériel de travail, des armes, des produits chimiques, des quantités d’or, de minerais concassés, des motos ont été saisis au cours de ces opérations menées souvent au péril de la vie des hommes en tenue. Le 30 juillet 2018, le Capitaine Pierre Djah Dago perdait la vie au cours d’une intervention à Koffré. Le summum de la bravade de l’autorité dans cette guerre déclarée à cette nouvelle mafia, plus portée sur l’économie que la politique.
C’est pourquoi le gouvernement, dans sa déclaration, désapprouve la tentative de manipulation opérée par le président du PDCI tant le phénomène touche toutes les régions du pays, avec des complicités locales.
Selon le ministère des Mines et de la Géologie, dans la région de l’Iffou, « L’opération a débuté le 25 avril 2019. Elle a permis d’appréhender douze (12) orpailleurs clandestins dont un (1) acteur de premier plan de l’orpaillage clandestin en Côte d’Ivoire. Ceux-ci ont été déférés devant la Section du Tribunal de première Instance de Bongouanou ».
Bien avant, dans le département d’Aboisso, était menée une opération de déguerpissement du 11 au 19 mars dernier à Mouasué, Kouamékro et Affiénou.
La Brigade de lutte contre les infractions au code minier a aussi saisi « 9 515 000 FCA, 16 g d’or saisi et 7 véhicules saisis. » La lutte se mène également dans l’administration où l’inspection générale de ce ministère traque les mauvais fonctionnaires. Le directeur départemental des Mines et de la Géologie de Katiola a été ainsi relevé de ses fonctions après une enquête minutieuse qui a révélé des dysfonctionnements administratifs dans la sous-préfecture de Boniérédougou.
Le 10 mai dernier, un journal proche du PDCI rapportait une réunion tenue à Daoukro sur le sujet. Selon le confrère qui cite Olivier Akoto le député de la localité, « la population est menacée. Toutes nos sœurs sont enceintes. Il faut qu’on demande à nos parents de cesser de comploter. L’heure est grave. Chaque jour, ce sont des cars qui arrivent du Niger, du Burkina et du Mali ». Le député Kra Konan Paul de Ouellé-Ananda-Akpassanou demande aux cadres de « mutualiser leurs énergies pour chasser ces orpailleurs », avant d’aller à la légalisation de l’exploitation aurifère. Le doyen Konan Henri, proche du président Henri Konan Bédié, se demande « si ce n’est une milice pour venir attaquer celui que nous protégions tous».
C’est donc sur la base des rapports que lui ont servi ses lieutenants que Henri Konan Bédié a fait sa sortie. Une accusation démentie par le pouvoir eu égard aux actes sur le terrain car selon le ministère des Mines et de la Géologie, une traque sans répit est opérée chaque jour, par les éléments de la Gendarmerie Nationale.
Adam’s Régis SOUAGA