Le ministre des Mines et de la Géologie de Côte d’Ivoire entend mettre les bouchées doubles pour faire sortir de la clandestinité les orpailleurs clandestins.
Loin des clameurs politiques, en 2018, une opération de déguerpissement d’orpailleurs clandestins échouait dans la zone d’Ehuasso, Bebou et Ebilassokro, épicentre de l’orpaillage clandestin dans l’indénié. Les agents des forces de l’ordre ont été encerclés par des jeunes des comités de gestion des sites illicites et l’opération n’a pu aller à son terme. Avec le calme, des officiers qui conduisaient le commando, des vies humaines ont été épargnées.
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Cette information émane d’une source sécuritaire, qui a produit un rapport non rendu public sur cet accrochage. Face à la sortie du 7 juin dernier de Henri Konan Bédié, l’ex-président ivoirien, que d’aucuns estiment être « une bombe », Jean Claude Kouassi, ministre des Mines et de la Géologie a tenu à donner de la voix. La lutte s’inscrit dans une série d’actions qu’il a déclinées au cours d’une récente conférence de presse.
Le mécanisme est simple : accélérer la délivrance des autorisations d’exploitation minière artisanale et semi-industrielle aux orpailleurs conformément aux textes en vigueur qui accordent une place de choix aux nationaux dans ce secteur d’activité. Le développement de la clandestinité découle de la suspension de la délivrance de cette autorisation.
« L’administration des Mines a été instruite en vue d’accélérer le traitement des requêtes en souffrance », rassure le ministre. L’impact environnemental et social ? Une exigence désormais affirmée par le ministre des Mines et de la Géologie en concertation avec son collègue de l’Environnement et du développement durable. L’étude d’impact environnemental doit donc figurer dans le dossier pour l’obtention d’une autorisation d’exploitation artisanale suivant les instructions et directives du Ministre Jean Claude Kouassi.
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Parmi les mesures annoncées par Jean Claude Kouassi, la formation. Il s’agit du projet chantier école à Bozi (Bouaflé), en janvier dernier. Le but est d’initier les orpailleurs désireux de sortir de la clandestinité aux pratiques appropriées en matière d’exploitation minière artisanale. L’initiative s’étendra à l’ensemble du territoire national et donnera lieu à un maillage par région en fonction de la gravité et de l’impact de l’orpaillage clandestin.
La réactivation des Comités techniques locaux (Ctl) pour éviter les recolonisations de sites déguerpis a été un point abordé par le conférencier. Leur mission : veiller et suivre la bonne exécution des mesures arrêtées au plan local. Sur toute l’étendue du territoire national, ce sont 100 Ctl qui ont été retenus pour être activés au « regard de l’ampleur de l’orpaillage clandestin » dans certaines localités, rappelle le ministre. Chaque Ctl devra tenir au moins quatre séances par an, en vue de la mise en œuvre et du suivi des mesures de lutte contre l’orpaillage.
L’Etat envisage la définition de couloirs minéralisés à destination des opérateurs du secteur de la petite mine. Le code minier ivoirien prévoit, en ses articles 52 et 64, des zones à déclasser et à réserver aux activités d’exploitation minière artisanale et semi-industrielle. L’intérêt de ces dispositions est de garantir la faisabilité et la rentabilité de la petite mine dédiée, par principe, aux ressources minérales alluvionnaires ou à la surface du sol.
Un projet de décret a-t-il été transmis au Secrétariat général du gouvernement le 30 avril dernier en vue de répertorier, sur l’ensemble du territoire national, les zones propices à la petite exploitation minière. La dernière mesure est relative à la réactivation de la coopération Côte d’Ivoire-Ghana. Les deux voisins ont conclu le 17 octobre 2017 un accord de partenariat stratégique et deux mémorandums. L’objectif étant de renforcer la coopération en matière géologique et minière, ainsi que de lutter contre la prolifération de l’exploitation minière illégale à petite échelle.
Le ministre a fait le point de la lutte contre le banditisme dans le secteur minier avec des interpellations grâce à la Brigade de répression des infractions au code minier (Bricm). Au 12 Juin dernier, ce sont 48 personnes qui ont été auditionnées et déférées devant les juridictions compétentes. Deux condamnations ont été prononcées. Ces mis en cause qui doivent payer plusieurs dizaines de millions de FCfa, sont pour la plupart des Ivoiriens, des ressortissants de la Cedeao et des Asiatiques.
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Ces résultats ont été obtenus à l’issue de quatre opérations de répression organisées dans les cinq régions du Sud-Comoé, de la Mé, de l’Iffou, du Gontougou, de l’Indénie-Djuablin. De l’or, des fusils calibre 12 avec des munitions, des véhicules, plusieurs dizaines d’engins lourds, des dizaines de bouteilles de gaz butane, des réfrigérateurs, des motocyclettes, des stupéfiants… constituent le butin des forces de l’ordre. La détermination est ferme, fait savoir Jean Claude Kouassi, traduisant ainsi une volonté affichée et affirmée qui n’a pas attendu des dénonciations politiques pour se faire. « Elles vont continuer » pour une extinction du phénomène, insiste Jean Claude Kouassi. « Les procédures sont en cours en vue de la confiscation et la vente de ce matériel conformément à la réglementation en vigueur », a précisé le ministre des Mines et de la Géologie.
Il a annoncé la poursuite de l’opération de démantèlement de l’ensemble des sites clandestins des régions du Gontougo, de l’Indénié-Djuablin et de la Mé avec l’ouverture des chantiers-écoles. Tous les services, de la justice, des services des Eaux et Forêts et de la gendarmerie nationale seront mis en branle afin que l’orpaillage clandestin qui « est une menace pour notre économie », trouve une solution définitive.
Adam’s Régis SOUAGA
7info.ci