Plus que quelques heures pour Amadou Gon Coulibaly de quitter définitivement le monde des vivants. Ce jeudi, les différentes régions du pays ont tenu à lui rendre un dernier hommage. Dans la pure tradition Dan, la délégation venue du Tonkpi a traduit sa compassion à son allié Sénoufo, par le dépôt d’un rameau sur la dépouille mortelle du premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
<<La situation difficile que le peuple sénoufo vit, nous la vivons aussi. Le sénoufo qui est parti nous avait fait confiance au point où il venait chez nous plusieurs fois. Il était l’un des nôtres. Nous sommes venus prendre le corps de notre enfant pour que le grand masque l’accompagne à sa dernière demeure. Nous sommes venus prendre notre enfant pour le mettre là où nous avons décidé de le prendre>>, a indiqué le porte-parole de la chefferie traditionnelle, Kouigon Émile.
Pour matérialiser sa requête, le roi Gué Pascal a mis un rameau sur la dépouille du premier ministre Amadou Gon Coulibaly. <<Le corps de notre enfant doit aller au pieds du Tonkpi. Les cérémonies auront lieu au pieds du Tonkpi. Les frères, les sœurs, les gardiens de la case sacrée, tous sont là et demandent le corps de leur fils>>, a lancé le chef canton Gamassé, Kouigon Émile. Pour Dr Dely Mamadou, cadre du Tonkpi, toute cette symbolique a une signification.
<<Le Dan pense que le sénoufo lui appartient. Et vice versa. Donc quand un des deux disparaît, le Sénoufo ou le Dan réclame le reste mortuaire pour le transférer chez lui. Car il pense que c’est chez lui que l’autre a sa place. Tout cela est symbolique. C’est une manière de dire que nous formons un. Et donc à partir de ce moment, nous ne pouvons rentrer en conflit de quelque nature que ce soit. On le dit, un allié qui verse le sang d’un autre allié est un maudit. Au-delà des mots c’est un comportement, un art et des actions qui nourrissent cette alliance. C’est ce qui a été fait>>, explique Dr Mamadou Dely. Le peuple bien que meurtri dans sa chair a répondu à ce jeu de l’alliance. Au nom de la famille du défunt et du peuple Sénoufo, le général Issa Malick, ministre de la fonction publique s’est dit rassuré du comportement du peuple Dan.
Une attitude qui prouve que les liens entre les peuples Dan et sénoufo ne souffrent d’aucun malaise. Car selon lui le Tonkpi et le Poro sont une société à masque.
Olivier Dan, envoyé spécial à Korhogo