Suite aux multiples médiations de leurs homologues dans la sous-région, Paul Kagamé et Yoweri Museveni auraient dû enterrer la hâche de guerre. Mais le climat demeure tendu entre le président rwandais et le chef d’Etat ougandais, en conflit sur les questions de sécurité et d’espionnage…
En mars 2019, le Rwanda fermait sa frontière avec l’Ouganda. Cinq mois plus tard à Luanda, capitale angolaise, Paul Kagamé et son voisin du nord Museveni, convenaient d’un plan de sortie de crise et d’un accord qui devaient « in fine mettre fin à la méfiance » entre les deux pays. Dans ce mémorandum d’accord sur la sécurité et la coopération, Kigali et Kampala s’étaient engagées à respecter sept points clefs dont celui de « respecter mutuellement leur souveraineté et celle de leurs Etats voisins ». Seulement peu de progrès ont été constatés depuis et les frontières entre les deux pays demeurent fermées, empêchant la libre circulation des biens et des personnes, et pénalisant les opérateurs économiques nationaux et sous-régionaux. La semaine dernière encore, de hauts responsables gouvernementaux des deux camps s’envoyaient des piques sur Twitter.
Ce mercredi 29 janvier, alors qu’il recevait une délégation de diplomates à Kigali, le président Paul Kagamé a estimé qu’il était temps pour les deux pays de « faire ce qui est juste ». Il a réclamé la réciprocité et exhorté l’Ouganda à joindre l’acte à la parole. « L’intégration des régions et des communautés ne se fait pas simplement parce que vous en faites un slogan. Non, elle se produit parce que vous faites ce qu’il faut », a déclaré le dirigeant rwandais. Une manière de dire au président Museveni que l’Ouganda ne pouvait pas faire arrêter les ressortissants rwandais pour leur infliger toutes sortes de sévices et prétendre ensuite devant le reste du monde que les problèmes frontaliers étaient des absurdités. « Traitez votre voisin comme vous voulez être traité. Ne vous contentez pas de chasser les gens du pays voisin à ce point et de retourner ensuite dire que ces problèmes de frontières sont des bêtises et des absurdités » a ajouté Paul Kagamé avant de conclure « Les communautés auront toujours des voisins. Selon la façon dont je traite mon voisin ou la façon dont me traite mon voisin (…) nous pouvons avoir la liberté de mouvement et des relations cordiales ».
Selon le média Actualitécd, les présidents Félix Tshisekedi, Paul Kagamé et Yoweri Museveni sont attendus ce dimanche 2 février à Luanda. Le président angolais João Lourenço recevra ses homologues pour tenter de mettre fin aux tensions diplomatiques.
Manuela Pokossy-Coulibaly
7info.ci