L’Armée soudanaise a mis fin à 30 ans de règne du Président Omar El Béchir. C’est le ministre de la défense soudanais en personne qui a fait l’annonce ce matin à la télévision nationale. Dans son annonce, le ministre de la défense a indiqué qu’un conseil militaire assurera l’intérim de la gouvernance, pendant une période transitoire de 2 ans.
Il aura passé 30 ans au pouvoir. Omar El Béchir n’est plus, depuis ce matin, le président du Soudan. Au pouvoir depuis 1989 suite à un coup d’Etat militaire, le président soudanais a été renversé ce jeudi 11 avril 2019, par son armée, qui a fini par le lâcher.
« J’annonce en tant que ministre de la défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son Chef », c’est la déclaration faite, par Awad Ahmed Benawf, ministre soudanais de la défense à la télévision nationale, puis d’annoncer qu’ « Un conseil national militaire va administrer le pays pendant une période transitoire de deux ans ». Cette annonce du ministre de la défense met ainsi un terme à l’histoire d’Omar El Béchir, à la tête du Soudan.
Plusieurs mesures sécuritaires ont aussi été annoncées par Awad Ahmed Benawf. Ce sont entre autres, La fermeture des frontières et voies aériennes, la mise en place de l’état d’urgence pendant trois mois et l’instauration d’un couvre-feu pendant un mois de 20h à 2h du matin GMT. Il annonce également la tenue d’élections après les deux ans de période de transition, qu’il dirigera lui-même.
Depuis quatre mois le pays était plongé dans une crise sociale sans précédent, partie d’un soulèvement de la population, pour contester l’augmentation du prix de pain. Le coût de la baguette avait en effet, triplé. De la contestation sociale, la persistance de ce soulèvement va plus tard aboutir à une contestation politique. Et cela faisait environ cinq jours, que les populations avaient pris d’assaut le ministère de la défense pour demander aux militaires de prendre leurs responsabilités. Selon le politologue ivoirien Dago Pierre Godé, ancien directeur de l’école des sciences politiques de l’Université Félix Houphouët Boigny, le cas soudanais doit interpeller toute l’Afrique.
« C’est un coup d’état qui interpelle les longs règnes en Afrique et qui créent toujours l’incertitude. C’est une nouvelle ère qui va peut-être s’ouvrir pour le Soudan. Espérons que le pays va se démocratiser très rapidement et qu’on ne va pas assister au départ d’un général pour en installer un autre. C’est un avertissement pour les longs règnes en Afrique, pour dire que les cela crée l’incertitude sur l’alternance. On n’a pas besoin de condamner ou d’applaudir ce coup d’état, puisque le Soudan n’était pas un pays démocratique. Mais on espère que c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour lui » a réagi l’Universitaire.
Omar El Béchir, ce colonel, 45 ans à sa prise de pouvoir par un coup d’Etat en 1989, a dirigé le Soudan unifié pendant plusieurs années. Pendant la guerre qui avait secoué son pays en 2003 et qui avait fait plus de 300.000 morts selon l’ONU, il avait fait l’objet d’un premier mandat d’arrêt international, lancé par la Cour Pénale Internationale. Un deuxième mandat d’arrêt international sera lancé contre lui, lors de la guerre qui a engendré la scission du territoire en deux pays. Le Soudan du Sud et le Soudan du Nord qu’il dirigeait jusqu’à sa chute ce jour.
Mais le dirigeant soudanais n’a jamais été inquiété par ces mandats d’arrêts, puisqu’il effectuait de nombreux voyages à l’étranger.
Même si cette chute d’Omar El Béchir peut être accueillie comme une libération du pays ou la fin de l’enfer pour les populations, le pays demeure dans une situation d’instabilité, car à peine son arrestation par l’Armée, que les populations contestent déjà la gestion des périodes de transition par le ministre de la défense et demandent une gestion civile. La suite des tensions, reste encore difficile à se dessiner.
DIANE Drissa, stagiaire