Le 3 juillet dernier, la Côte d’Ivoire apprenait une série de décès à Abatta, dans la sous-préfecture de Bingerville. Six morts ont été enregistrées et une psychose à l’empoisonnement a semé la panique au sein de la population. Pour les uns, ces décès subits étaient l’œuvre d’un rival jaloux de la réussite de la tenancière du débit de boisson frelaté communément appelé « koutoukou » où les décès sont survenus. Cette dernière, avait été embarquée par la police pour les nécessités de l’enquête qui débutait pour situer les responsabilités et déterminer la cause exacte de ces décès.
« Il y a plusieurs facteurs qui peuvent amener les gens à avoir des problèmes de santé. C’est cela qu’il faut chercher à comprendre fondamentalement. Sinon le Koutoukou en lui-même n’est pas quelque chose de mauvais » fait savoir Dr Aka Félix, naturothérapeute-nutritionniste, contacté par 7info.ci.
Dr Aka Félix estime que la bile de foi de caïman pourrait être le facteur de risque qui a conduit à la mort de plusieurs consommateurs de « koutoukou », à Abatta.
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« En ce qui concerne la situation à Abatta, il y a eu juste un petit problème au niveau, non pas de la fabrication, mais, au niveau des personnes qui ont des maquis et vendent le Koutoukou. C’est juste un problème de jalousie » fait-il savoir.
Pour le spécialiste, « s’il y a plusieurs maquis, lorsque le maquis A marche plus, la jalousie s’installe chers les concurrents. Ceux-là donc vont chercher à savoir comment le maquis A fait pour que son Koutoukou soit bon que les leurs. Ils vont donc utiliser la bile de caïman en allant boire là-bas et au moment de déposer le verre dans l’eau où on lave les verres, y mettre un peu dans les verres » explique-t-il le procédé possible qui aurait conduit aux six morts.
« En utilisant ce qui n’a pas été essuyé, on est en contact avec le produit. C’est pour cela qu’il y a eu beaucoup de morts. Sinon le koutoukou en lui-même ne tue pas » tranche Dr Aka Félix.
Ce mercredi 17 juillet, plus de 15 jours après, 7info.ci, a appris d’une source atchan (ethnie locale d’Abidjan), bien informée, que « les morts d’Abatta sont dues à la bile de caïman ». « Des jeunes du village ont tué un caïman et l’ont préparé comme à leur accoutumée sur le site. C’est la bile de foi qui, après la manipulation de la viande a touché des verres à boire » croit savoir cette source, d’un autre village.
Le Préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi a suspendu d’activité, tous les débits de boisson frelatée, le temps de l’enquête. « Gbèlè » empoisonné ou bile de caïman, les ivoiriens, et avec eux, la communauté villageoise d’Abatta, attend la réponse scientifique qui tarde.
Deux semaines après les faits, aucun communiqué officiel n’est venu situer la population et les ivoiriens, sur la cause réelle des six morts.
Dr Aka Félix fait savoir que le koutoukou réalisé à base de la canne à sucre, pressée pour en obtenir le jus, chauffé, et dont la vapeur qui sort de la casserole passe par un tuyau qu’on appelle le serpentin et descend dans une autre cuve, est une bonne et très naturelle fabrication ».
« L’autre Koutoukou, « que je redoute », c’est celui qui est fait avec du sucre blanc. Le sucre est issu de la canne à sucre mais qui est dévitalisé. Donc l’alcool qui sort de là ne sera pas à 90° C mais plutôt 100°C, voire plus et il est très fort » reconnaît-il, même s’il n’affirme pas son caractère mortel pour l’homme.
Dr Aka soutient que « ce que les gens ne disent pas, c’est que les femmes qui vendent le Koutoukou utilisent le tronc des piles électriques pour mettre dans le Koutoukou. Lorsque vous le buvez, cela vous donne toujours l’envie de boire encore et en même temps cela vous ronge. La plupart des gens qui boivent ce Koutoukou ne mangent pas et commencent à maigrir » soutient le praticien.
Adam’s Régis SOUAGA, Coll : DIANE Drissa
