Il y en a qui ont la rancune tenace. Ils peuvent pardonner mais n’oublieront jamais. Et au Front Populaire Ivoirien (FPI), certaines rancœurs pourraient mettre à mal la tentative de réunification du parti souhaitée par Laurent Gbagbo l’ancien président de la République. Lida Kouassi Moïse, l’ancien ministre de la Défense a rappelé ses griefs contre Affi N’Guessan, le président statutaire du parti,  lors d’un meeting à Dabou. Il fait feu de tout bois depuis quelques jours Lida Kouassi Moïse.

Alors qu’on pensait l’accalmie revenue au sein du FPI, cette sortie de Lida Kouassi Moïse, l’ancien ministre de la Défense sous Laurent Gbagbo, risque de raviver les tensions. A Dabou, le week-end dernier, le cadre de l’ex-parti au pouvoir, est revenu sur les raisons du conflit interne qui l’oppose à Affi N’Guessan. Selon lui, l’ancien Premier ministre aurait trahi la lutte et failli à son devoir du temps où il était aux affaires. La rancune est tenace même si le proche de Laurent Gbagbo assure avoir pardonné.

« Il était de mèche avec la rébellion, il a fait tout ça…Il m’a traduit en jugement devant une Convention extraordinaire à l’hôtel ivoire. Marcel Gossio était le président de la commission d’enquête. Il a lu son rapport d’enquête devant tous les camarades, et il a conclu qu’il n’y avait aucune preuve sur les quatre chefs d’accusation qui étaient retenus contre Lida. Son tour arrive aujourd’hui, on dit Lida qui était traître là, il est toujours sur la ligne de défense de Laurent Gbagbo, même après 7 ans de prison. Demandez à Affi : il est dans quel camp ?  Demandez à Affi : il était où dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 ? Tu étais Premier Ministre. Tu étais où ? Tu  devrais assurer la suppléance du Président de la République qui était en Italie. Tu étais où? Qui t’a ramené à Abidjan si ce n’est pas Lida Kouassi ? », vocifère l’ancien ministre de la Défense, proche de Laurent Gbagbo.

Mais, ce dernier affirme n’avoir aucune dent dure contre son camarade de lutte d’hier. Il est juste motivé par la manifestation de la vérité.

« Quand je parle, ce n’est pas une quelconque haine contre Affi N’Guessan. Moi, je veux qu’il revienne au FPI. Mais on ne peut pas guérir une plaie en y laissant du pus. Il faut enlever le pus et soigner radicalement la plaie. C’est pourquoi, il faut lui dire la vérité » a-t-il ajouté.

Affi N’Guessan, le mis en cause dans les propos de Lida Kouassi Moïse avait pourtant tenté à plusieurs reprises de rencontrer le président Laurent Gbagbo lorsque ce dernier était encore en prison à la Haye. Des échecs répétés qui ont fait dire que le président statutaire du FPI était désavoué par son mentor. Il a fallu encore d’autres tentatives notamment après l’acquittement de l’ex président par la Cour Pénale Internationale (CPI), avant que la rencontre tant attendue ne puisse se tenir. Elle a même failli passer sous silence tant l’actualité était dominée par le décès du Colonel-major Issiaka Ouattara dit Wattao. Maintenant que la médiation en vue de la réunification est en cours, les camarades d’hier n’ont pas tous rangé le couteau dans le fourreau.

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Dans ses propos acerbes, Lida Kouassi Moïse s’en prend aux proches de l’ex-Premier ministre. qu’il qualifie « d’orpailleurs clandestins ».

 « Et je parle, ce sont les orpailleurs clandestins d’AFFI N’GUESSAN qui veulent me répondre. Moi,  je n’ai pas affaire aux orpailleurs clandestins d’Affi N’Guessan. J’ai affaire à Affi N’Guessan lui-même.  Il ne faut pas qu’on croit que Lida Kouassi Moïse est animé de haine contre Affi (…). Il (Affi) a raconté à toute la Côte d’Ivoire que Lida est, en réalité, le « Juda Kouassi ». C’est lui le traître. C’est lui qui a trahi Laurent Gbagbo. C’est lui qui a tué Boga Doudou. Il a volé 50 milliards », révèle-t-il.

Une accusation à laquelle répond Jean Bonin Kouadio, secrétaire général adjoint chargé de la communication au sein du FPI Affi N’Guessan, donc un des potentiels « orpailleurs clandestins » dont parle Lida Kouassi Moïse. Selon lui, le comportement de l’ancien ministre de la Défense est de nature à jeter le discrédit sur les actions en faveur de la paix de Pascal Affi N’Guessan.

« Ce sont des propos indignes d’un homme qui a occupé de hautes responsabilités à la tête de l’Etat. Manifestement, l’initiative prise par le président Affi d’œuvrer à l’unité du parti n’est pas partagée par certains. On comprend d’autant plus mal leur posture actuelle qu’ils se réclament du Gbagboïsme ou rien, celui-là même qui souhaite l’unité du FPI. Heureusement que Lida ne représente pas le courant majoritaire au sein du parti qui lui s’exprime clairement et majoritairement en faveur de l’unité » fait-il savoir à 7info.ci.

Pour sa part, l’analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao estime aussi que les sorties de Lida ne sauraient fragiliser le processus en cours.  » Non , je ne le pense pas. La réconciliation au FPI dépend avant tout de la volonté du président Gbagbo et secondairement de Pascal Affi N,Guessan » soutient-il.

« Certes , les révélations de l’ancien ministre de la défense , en termes de communication politique , peuvent semer la confusion, mais les cartes sont entre les mains de l’ancien président de la République. Dans tous les cas de figure, ces querelles d’ego et de positionnement, entre les anciens barons, fragilisent le parti à la rose à la grande joie du RHDP qui reste concentré sur la présidentielle d’octobre 2020 » analyse Geoffroy-Julien Kouao.

Au FPI, qui attend la reprise du dialogue direct ce 27 février, la plaie de la division n’est pas encore totalement refermée.

Eric Coulibaly

7info.ci