Le 14 janvier dernier, une fosse commune était découverte par des travailleurs de l’entreprise en charge des travaux d’entretien routier dans la ville de Man. Le Procureur de la République, près le Tribunal de première instance de Man, Counta Nafissiatou a aussitôt ouvert une enquête pour dénouer l’échafaud.
Ce jeudi 16 janvier, le Procureur de la République a animé une conférence de presse à son Cabinet pour révéler que sur l’une des victimes, une carte nationale d’identité a été découverte. « Le 14 janvier 2020 je vous faisais part de la découverte d’une fosse commune à proximité de la clôture du lycée moderne 1 de Man. L’enquête qui a été ouverte a connu des avancées. Il s’agit de la découverte d’une carte nationale d’identité au nom de Touré Moussa, mécanicien, domicilié à air France, fils de Touré Mevanly et de Masse Chérif », a indiqué Counta Nafissiatou.
Selon la Juge, « les parents approchés, ont déclaré que leur fils a quitté le domicile familial courant novembre 2002 au moment de la reconquête de la ville par les forces régulières venant par la voie de Kouibly, qui a occasionné d’intenses combats avec les forces nouvelles ayant entrainé plusieurs exactions et violations de droits de l’homme ».
Ce qui, au dire du procureur de la République, porte à croire que les restes humains retrouvés dans cette fosse commune sont liés à cette période. « Toutefois, à la fin de l’enquête, une information judiciaire sera ouverte, qui permettra d’identifier les personnes et de déterminer les circonstances exactes de leur décès », conclut-elle.
L’information judiciaire n’est pas encore ouverte que déjà le procès est en cours sur les réseaux sociaux. Des pro-Gbagbo estiment que l’accusation a déjà un coupable, quand d’autres pointent un doigt accusateur sur Lossény Fofana, le commandant de zone qui a le plus duré à Man.
Encore d’autres charniers ?
Pour des habitants de Man, cette fosse commune a une histoire. C’est « Une affaire qui date du 1er au 10 décembre 2002 suite à la prise de Man par les ex-Fanci. Le lieu du charnier était la base des milices libériennes de Gbagbo », fait savoir un habitant de la ville, contacté par 7info. « Les corps avaient été enterrés par La Croix rouge avec l’aide du camion benne de la Mairie dont les chauffeurs étaient Blaise Komanséhi, Dosso Amara et Soro », poursuit cette source qui a suivi ces événements. Et de préciser qu’ « Il existe plusieurs charniers à Man. Les victimes du centre-ville ont été enterrées au KAKA sport. Les victimes du lycée ont été enterrées au lycée club ».
Selon notre source, « C’est Après tout cela que Ousmane Coulibaly dit Ben Laden (aujourd’hui Préfet de San Pédro) est arrivé à Man. Un an plus tard, suite à des brouilles avec Coulibaly Adama alias Adam’s, celui-ci quittait Man et était remplacé par Loss. Aucune tuerie de masse n’a été enregistrée à Man jusqu’à la fin de la crise en 2010. D’ailleurs, c’est ici à Man que les habitants traqués à Duékoué ou ailleurs, venaient se réfugier car il y a avait la sécurité ».
Man n’est d’ailleurs pas la seule ville où ce genre de corps ensevelis à la hâte, ont été enregistrées. A Séguéla, une tentative de reprise de la ville alors sous commandement de Wattao, va dégénérer. A l’époque, Koné Zakaria est en petite forme auprès de la hiérarchie des Forces Nouvelles, soupçonné de vouloir saboter le processus de paix. On est en 2007. Alors que les travaux de réhabilitation de la résidence du Président de la République sont en cours, une fosse commune est découverte par les ouvriers. L’ONUCI s’en mêle. Une carte nationale d’identité est découverte sur l’un des corps, c’est celui de Doumbia « major », un jeune qui avait en charge la société civile à Man et qui avait rejoint Koné Zakaria à Séguéla. Il avait selon des acteurs des faits, au cours d’une enquête menée par nos soins, voulu à travers une manifestation populaire, faciliter le retour de son mentor. Les affrontements ont conduit à sa mort.
Adam’s Régis SOUAGA et Jean Olivier DAN, Correspondant à Man
7info