On l’appelle souvent la rue princesse de Man ou Doyagouiné 1. Lieu de gastronomie et bien d’autres trafics, la rue princesse de Man ressemble à un village abandonné. Tous les maquis qui grouillent de monde à toutes les heures de la journée et de la nuit sont fermés. Le personnel congédié, les racoleuses qui déambulent en ce lieu en quête de prédateurs ont disparu à la faveur des mesures gouvernementales dues à la maladie à Coronavirus. 7info vous plonge dans l’ambiance « funeste » qui y règne depuis le début de la crise sanitaire.
Ce week-end, nous décidons de prendre le pouls de la situation à Doyagouiné 1, précisément à la rue princesse. Le décor qui nous est servi est triste. La vingtaine de maquis qui chaque jour, à partir de 15 heures, donne de la voix à travers différentes sonorités musicales sont hermétiquement fermés. Les terrasses qui habituellement sont occupées par les chaises et des clients sont vides.
Au maquis Aboussouan, où nous arrivons, Kouassi Édouard, fils de la responsable des lieux est assis, l’air dépité. Il nous raconte la galère que vit la famille depuis la survenue de la maladie à Coronavirus. <<Maman était obligée de se séparer de 8 de ses travailleurs et garder seulement que 2 qui font la cuisine. Au début de la crise, on installait les gens de façon espacée mais un matin le préfet de police et ses hommes sont venus nous dire de mettre fin à cela. Aujourd’hui, les deux femmes qui sont restées, font des plats emportés. C’est difficile. C’est le seul business de maman. Le seul qui soutient une famille nombreuse et des travailleurs. Nous sommes dépassés par les évènements et nous ne savons plus quoi faire>>, se désole Édouard Kouassi.
Juste à côté, un autre lieu. La terrasse est devenue l’aire de jeux de petites filles. Elles jouent pour certaines à la marelle et d’autres à d’autres jeux typiquement féminins. Une d’entre elles ironise. <<Nous, nous avons notre coin pour nous amuser et c’est beau. On s’amuse bien et ça nous plaît>>.
Sur l’alignement que toute personne qui aurait foulé le sol de Man connaît, la vie s’est arrêtée. Même les petits métiers connexes ont disparu. Les jeunes vendeurs de cigarettes, papiers mouchoirs et autres ont disparu.
<<C’est terrible ce qui arrive. Tout est fermé. Même si certains rusent avec les autorités pour ouvrir clandestinement. Ce qui fait mal dans tout cela, c’est le sort des jeunes gens qui travaillent dans ce domaine. Que deviendront-ils tout ce temps?>>, s’interroge un jeune fonctionnaire. Un autre tenancier qui a requis l’anonymat, n’est pas tendre du tout. Pour lui, cette décision de fermer les maquis et bars est injuste car elle favorise une frange de la population et défavorise d’autres. <<On demande aux maquis et restaurants de fermer. Les kiosques à café et les gargotes quant à eux sont ouverts et on voit comment les gens s’attroupent dans ces lieux. Il y a du deux poids deux mesures et c’est révoltant>>, se plaint-il.
Voie ouverte sur la prostitution et le vol
<<Nous avons tout arrêté. Tout est fermé. C’est difficile et la situation devient plus en plus dure. Il y a des familles qui n’ont plus rien à manger. Des jeunes filles auxquelles on demande de se caser sont sans boulot aujourd’hui. De même que certains jeunes hommes. N’est-ce pas une porte ouverte à la prostitution et au vol? Il faut trouver des solutions palliatives aux problèmes des restaurateurs car certains n’ont que ça comme activité>>, suggère Dame Faé, restauratrice. Pour Édouard Kouassi, il est impératif de mettre une cellule en place pour répertorier le plus vite possible tous les restaurateurs et poser le problème aux autorités compétentes.
<<Nous allons nous mettre en groupe rapidement pour aller vers les responsables au niveau local pour poser nos problèmes. C’est insoutenable, la situation que nous vivons>>, fait-il savoir.
L’Etat a mis en place des fonds d’appui à l’économie d’un montant de 1700 milliards FCFA.
Olivier Dan Correspondant
7info.ci