OUAGADOUGOU (Burkina Faso) – S’adressant aux Ministres de la Sécurité du G5 Sahel, le Secrétaire Général d’INTERPOL Jürgen Stock a souligné la nécessité d’un échange accru d’informations, en particulier de données biométriques, pour combattre la menace du terrorisme.
Les groupes affiliés à al-Qaïda et à Daech qui sévissent dans toute la région, ainsi que la menace que représente Boko Haram dans le sud, rendent les pays du Sahel de plus en plus vulnérables à l’insécurité du fait des conflits armés, du terrorisme et des activités relevant de la criminalité transnationale organisée telles que les migrations irrégulières, la traite d’êtres humains et le trafic de drogue.
Le Secrétaire Général Stock a déclaré que l’accord signé plus tôt dans l’année avec le Secrétariat permanent du G5 Sahel afin qu’INTERPOL prête son concours à la composante police, est aujourd’hui l’initiative la plus vaste jamais entreprise par l’Organisation.
Elle prévoit la fusion des Plateformes de coopération en matière de sécurité (PCMS) avec les groupes interservices nationaux qui coordonnent le partage d’informations contre les menaces terroristes, parmi lesquelles les fabricants de bombes et les engins explosifs improvisés dans les pays du G5 Sahel et au niveau régional.
INTERPOL proposera également des procédures opérationnelles et des formations afin de faciliter la coopération entre la composante militaire et la composante police pour exploiter les informations, y compris les données biométriques, recueillies sur les théâtres d’opérations.
« La défaite territoriale de Daech en Syrie et en Iraq se traduit par une menace plus diffuse, plus évolutive et plus déstabilisante », a indiqué le Secrétaire Général Stock.
« Mais il ne s’agit pas d’un seul et unique groupe, pour meurtrier qu’il soit. Il ne s’agit pas non plus d’un unique conflit, ni même d’un seul continent. Il s’agit d’une menace interrégionale hétérogène, sophistiquée, où les insurrections et les sujets de mécontentement locaux créent un terreau fertile pour les groupes terroristes.
« Le besoin d’en connaître et la nécessité de partager peuvent coexister et aboutir à des résultats opérationnels d’une région à l’autre, mais même les renseignements de la plus grande qualité qui soit ne peuvent être exploitables s’ils ne sont pas structurés dans un souci d’efficacité », a conclu le Chef d’INTERPOL.
INTERPOL a fait œuvre de pionnier en matière d’échange d’informations entre forces militaires et services chargés de l’application de la loi (« Mi-Lex »), et ce, dès 2005 avec le projet Vennlig en Iraq, puis par la suite, en Afghanistan dans le cadre du projet Hamah.
Le projet FIRST (Facial Imaging, Recognition, Searching and Tracking – imagerie et reconnaissance faciales, recherche et suivi de visages) sera lui aussi un domaine de développement clé au niveau national dans les pays du G5 Sahel.
Les données biométriques recueillies et partagées dans le cadre du projet FIRST ont d’ores et déjà donné lieu à des correspondances entre des individus jusque-là sans rapport, au Sahel et dans d’autres régions.
Par ailleurs, les bases de données d’INTERPOL contiennent actuellement des données sur plus de 50 000 combattants terroristes et 3 500 fabricants de bombes, et quelque 400 000 éléments d’information liés au terrorisme.
Avant de s’adresser aux Ministres de la Sécurité du G5 Sahel, le Secrétaire Général Stock s’est entretenu avec Roch Marc Christian Kaboré, Président du Burkina Faso et Président du G5 Sahel, ainsi qu’avec le Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré, le Ministre des Affaires étrangères Alpha Barry, et Jean Bosco Kiénou, Directeur général de la Police nationale et Président du Comité de défense et de sécurité du G5 Sahel.
Une initiative visant à faire bénéficier l’ensemble du territoire du Système d’information policière pour l’Afrique de l’Ouest (SIPAO) a également été signée par le Chef d’INTERPOL et le Ministre de la Sécurité Ousséni Compaoré.