Politique

L’alliance FPI-PDCI source potentielle de conflit selon un analyste

Mis à jour le 29 mai 2020
Publié le 29/05/2020 à 3:36 , , , , ,

La Cour pénale internationale (CPI) a allégé le jeudi 28 mai les conditions de liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, les deux ivoiriens qui étaient jugés devant la juridiction internationale, à la Haye suite à la crise postélectorale de 2010-2011. 

Quel impact cet arrêt  peut-il avoir sur la vie politique en Côte d’Ivoire en cette année électorale?

Après plus d’une décennie passée loin de son pays, Laurent Gbagbo a su maintenir la flamme militante de ses partisans. Ces derniers dans leur grande majorité lui sont restés fidèles. Les plus farouches appelés les GOR (Gbagbo ou rien) avaient opté pour le boycott de toutes les élections tant que leur leader serait maintenu hors du pays. Ce qui a eu pour conséquence la scission du Front populaire ivoirien (FPI). D’un côté le président officiel, Pascal Affi N’Guessan, et de l’autre les irréductibles. Ces derniers ont créé de façon informelle un FPI bis, nommé le parti de Gbagbo avec à sa tête Dr Assoa Adou. Début 2020, il avait rendu visite à Laurent Gbagbo. Après avoir rencontré son mentor, il a estimé que « Le mur qui me séparait de Gbagbo est brisé ».

En mai 2019, le FPI s’est rapproché de son rival historique le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Après plusieurs mois de négociation, les deux partis forts de l’opposition ont décidé de taire leurs divergences idéologiques pour dégommer le RHDP du pouvoir et ramener « la paix et la réconciliation » en Côte d’Ivoire. Mais, le FPI n’a jamais intégré la plateforme de l’opposition créée par Henri Konan Bédié, la CDRP (Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix).

« Le FPI et le PDCI-RDA se félicitent de l’aboutissement de longues séances de travail du Comité paritaire organisé pour l’élaboration du document cadre consignant leur engagement commun à œuvrer de concert pour le retour de la paix et de la réconciliation des Ivoiriens », indiquait un communiqué signé par les deux formations politiques.

Une alliance à risque selon Dr Bah Mahier Jules-Michel, enseignant de sociologie politique à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Il soutient que cette alliance entre le FPI et le PDCI est certes positif pour l’opposition mais elle va négativement affecter les relations entre les différentes communautés ivoiriennes.

« Du Front Républicain au RHDP, ces alliances ont toujours fait tomber le parti au pouvoir. Le PDCI et le RDR ont fait tomber le FPI, tout comme le RDR et le FPI ont réussi à couler le pouvoir PDCI. Chaque fois que deux des trois grands partis se mettent ensemble, ils réussissent à faire tomber celui qui détient le pouvoir. Ce qui est malheureux, toutes ces formations politiques, lorsqu’elles contractent des alliances contre-nature, poussent des communautés qui vivaient en parfaite harmonie à se haïr, voire à l’affrontement », explique le maître-assistant de Sociologie.

Pour l’enseignant-chercheur, le retour sur la scène politique de l’ancien pensionnaire de la prison de Scheveningen, et de son co-accusé changera le visage de la politique ivoirienne. Cependant, les différentes communautés vivant en Côte d’Ivoire devraient savoir aligner leurs priorités, sachant que toutes les formes d’alliances contractés par le FPI, PDCI et le RDR, n’ont eu que des impacts négatifs sur le tissu social.

« Les populations ivoiriennes devraient se départir de ces alliances pour vivre en parfaite harmonie comme on le voit. Depuis 1995, année de la création du Front Républicain (FPI-RDR) et du RHDP (PDCI-RDR…), la chose à laquelle les Ivoiriens ont eu droit, c’est la division », analyse-t-il.

Arnaud Houssou

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