Face à la presse ce jeudi 8 juin 2023, l’ex-dirigeant ivoirien Laurent Gbagbo a réagi à la décision du retrait de son nom de la liste électorale provisoire 2023. Le président du PPA-CI a donné la raison de son désir de réinscription sur le fichier électoral.
« Je suis venu ici ce matin pour une réclamation comme nous sommes dans le contentieux il n’y avait pas meilleur moment ni meilleur endroit pour m’exprimer », a fait savoir Laurent Gbagbo devant le centre d’enrôlement où quelques mois plus tôt, il s’était rendu pour se faire enrôler pendant la période de révision de la liste électorale. L’ancien chef d’Etat a indiqué que cette démarche était nécessaire pour lui dans la mesure où cela engageait son honneur au regard des arguments avancés pour le retrait de son nom.
« Prétextant que j’ai été condamné après un procès qui m’a jugé parce que j’aurais braqué la BCEAO. Je réfute avec vigueur une telle accusation. Dans ma vie j’ai toujours travaillé pour qu’il n’y ait aucune ombre sur mon casier judiciaire. J’ai toujours dit à mes enfants que je n’ai aucune fortune à leur laisser. Mais j’ai un nom à leur laisser et un nom propre. C’est ce nom que je laisse à ma descendance et je ne peux pas laisser quelqu’un souiller et salir ce nom sans me battre. Donc je me bats », a dit Laurent Gbagbo qui avait à ses côtés plus d’une dizaine de ses collaborateurs notamment des responsables du PPA-CI son nouveau parti et Nady Bamba, sa compagne.
Revenant sur le procès qui l’a condamné en 2020, l’ex-dirigeant ivoirien a révélé des vices de procédures.
« On ne juge pas un ancien président de la République n’importe comment et devant n’importe quelle juridiction. Il y a une procédure pour mettre en cause et pour juger un ancien président de la République et les présidents d’institutions. C’est une loi de 2016…Je ne sais pas pourquoi on m’a jugé. Personne ne m’a convoqué. Parce que pour qu’il y ait un procès, l’accusé doit être convoqué. On lui remet une convocation là où il réside. Or tout le monde dans le monde entier, tout l’univers sait où je résidais au moment de ce procès. Je résidais à la CPI où on m’a emmené avec un avion présidentiel, un Grumman présidentiel. Ils savent quand ils m’ont déposé, où ils m’ont déposé, à qui ils m’ont remis. Donc tout le monde savait où j’étais. Mais je n’ai jamais été convoqué. Dire donc que je n’étais pas en Côte d’Ivoire n’était pas un argument. Si je suis un faux type dans une affaire quelconque, on me remet ma convocation là où je suis. Or ceux qui m’ont jugé savent très bien là où j’étais… Une fois le jugement prononcé, on ne m’a pas remis le jugement. Donc je ne sais pas, je n’ai eu aucun document qui émane de ce procès. Jusqu’à présent, à l’heure où je vous parle, je n’ai eu aucun document ni avant, ni après le procès. Est-ce que c’est ça qu’on appelle un procès ? », j’interroge Laurent Gbagbo.
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Selon l’ancien président ivoirien, malgré les accusations retenues contre lui devant la CPI, il est sorti vainqueur. Il aurait souhaité dit-il, que la procédure telle que suivie devant la justice internationale soit aussi suivie dans son pays la Côte d’Ivoire.
« Ici clandestinement, quand on apprend que je suis acquitté à la CPI, on se cache et on me met sur le dos une accusation. Non c’est trop politicien, ce n’est pas digne d’être appelé un procès », se désole-t-il, non sans faire savoir qu’il n’est pas plus disposé à donner des coups quoiqu’il en ait encore la force.
« J’ai décidé de ne pas donner de coups parce que les moments des coups sont passé…Je l’ai déjà dit et je le répète. Aujourd’hui, ce que nous devons faire les présidents Bédié, Ouattara et moi-même, c’est de nous conduire de telle façon que nous laissions aux jeunes générations une Côte d’Ivoire pacifiée. C’est cela qui doit être notre objectif. Notre objectif, ce n’est plus de faire des coups pour nous-mêmes. Ce temps est passé. Ce temps est révolu. Donc je demande à tous de se ressaisir », exhorte Laurent Gbagbo.
Toutefois, le président du PPA-CI insiste sur son honneur qui selon lui est mis en cause à travers la condamnation qui est à l’origine du retrait de son nom de la liste électorale.
« Je suis encore debout…Pour ma dignité, je me battrai toujours. Tant qu’il faut se battre pour la propreté d’un nom, je me battrai toujours. Je ne peux pas partir demain et laisser mes enfants avec un nom qui porte une souillure…Le combat n’est pas terminé puisque ce n’est pas moi qui prends les décisions. Moi je pose mon problème qui est le problème de l’honneur, qui est le problème de la propreté des noms. Qui est le problème de la propreté d’une famille. Non, non et non je ne laisserai pas mon nom salle », promet-il.
Richard Yasseu