S’essaiera-t-il à autre chose ou continuera-t-il dans la politique ? La question de savoir à quoi s’occupera le président Laurent Gbagbo une fois de retour dans son pays la Côte d’Ivoire est dans tous les esprits.
Après environ dix années d’absence du territoire national pour des raisons judiciaires, sa libération définitive vient d’être prononcée. Mieux, les autorités ivoiriennes viennent de donner leur accord pour son retour au pays. Laurent Gbagbo va donc regagner la Côte d’Ivoire. Un retour au bercail après ces longues années d’inactivité, qui interroge sur l’orientation à donner à sa vie.
L’ex-chef de l’État s’essaiera-t-il à autre chose ou continuera-t-il dans la politique ? Selon Dr Eddie Guipié, Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, deux cas s’offrent à l’ancien dirigeant ivoirien.
« Il appartiendra au principal intéressé de le dire. Mais ceci étant, il y a deux grandes hypothèses qui se dégagent. La première serait qu’il ne fasse plus de la politique. Cette hypothèse est improbable, toutefois, on peut la mettre en relief. Cette hypothèse voudrait qu’il rentre au pays pour toujours certainement participer à l’œuvre de la réconciliation nationale dans un pays qui reste meurtri par une guerre et dont les plaies restent à panser. Peut-être ferait-il une tournée de réconciliation nationale. Ce n’est pas à exclure pour montrer qu’il a à cœur de vouloir ressouder les pans décousus de ce pays », analyse pour 7 info, le politologue ivoirien.
L’universitaire estime qu’en tant qu’intellectuel, Laurent Gbagbo pourrait aussi écrire ses mémoires. Surtout en ce qui concerne son séjour à la Cour pénale internationale (CPI). Laurent Gbagbo, dit-il à 7info, « est considéré par une large opinion publique africaine, des jeunes en particulier, comme le vainqueur du combat en griffe contre l’ancienne puissance coloniale et ses démembrements, dont la CPI. En tant que témoin vivant de cette juridiction, qui apparaît dans l’entendement de l’opinion publique africaine comme une instance judiciaire colonialiste chargée de réprimer toutes les personnes qui s’insurgeraient contre cet ordre colonial ou néocolonial, il pourrait multiplier les conférences, les voyages d’études, les rencontres internationales pour montrer ou attester de cette victoire-là. Il pourrait donc poursuivre en tant qu’intellectuel, en tant qu’enseignant-chercheur, cette œuvre de mémoire et de témoignages de ce combat. C’est pour l’hypothèse qu’il aurait voulu arrêter la politique, même si en filigrane il y aura toujours une trame politique».
« La deuxième hypothèse, poursuit Dr Eddie Guipié, serait qu’il rentre pour faire de la politique, c’est-à-dire participer au jeu politique. Il est déjà président d’un parti. Mais dans cette acception, il aura à réunir tous les pans de son parti, réintégrer si on peut le dire Affi N’Guessan et faire des réformes de refontes ».
À en croire le politologue ivoirien, ayant dirigé le Front populaire ivoirien (FPI) le parti dont il est le fondateur à distance, Laurent Gbagbo serait cette fois-ci proche des réalités à même de décider efficacement pour ressouder cette formation politique. « Il s’agira aussi de dégraisser cette formation politique pour ce qui est du secrétariat général et faire la promotion pourquoi pas de jeunes », analyse l’expert ivoirien en questions politiques.
Quelle option choisira l’ancien dirigeant ivoirien ? Seul Gbagbo et lui seul à la réponse à cette équation.