Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam… jusqu’où ira l’opposition après les retraits de la CEI

Mis à jour le 14 avril 2025
Publié le 14/04/2025 à 4:18 , , , , , , ,

Entre la Commission électorale indépendante (CEI) et l’opposition politique ivoirienne, plus rien ne va. Au-delà de l’accuser d’être à la solde du parti présidentiel, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam ont décidé de ne plus participer aux activités de cet organe. Une décision qui intervient à moins de sept mois de la présidentielle 2025 dans le pays.

 

Jusqu’où iront Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et les autres formations politiques qui leur sont proches ?

Depuis le vendredi 11 avril 2025, les partis de ces leaders politiques ont décidé de ne plus participer aux activités de la Commission électorale indépendante (CEI).

À moins de sept mois de la présidentielle 2025, ils expriment ainsi leurs mécontentements vis-à-vis de l’organe chargé des élections dans le pays, qu’ils accusent de rouler pour la formation au pouvoir.

Mais tout en prenant le soin de préciser qu’il s’agit d’un premier acte dans leur volonté à exiger une CEI qui sera plus crédible selon eux.

 « Comme nous voyons que la CEI boite, nous avons pris une première mesure, c’est de se retirer de la CEI », a déclaré Laurent Gbagbo le samedi à Dabou lors de la célébration de la fête de la renaissance de son parti.

« Mais je demande au président exécutif de convoquer le comité central de notre parti dans deux semaines pour étudier.

Donc vous qui êtes à Dabou aujourd’hui, vous qui êtes dans toutes les bases, soyez attentifs.

D’ici deux semaines nous allons tenir un comité central et ce comité central va prendre des décisions importantes.

Tenez-vous prêts, le comité central va prendre des décisions et vous aurez des mots d’ordre », avait également dit Laurent Gbagbo.

Dans une déclaration, l’URD de l’ancien ministre Danièle Boni Claverie (opposition) apporte son soutien à la décision prise par les partis de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam.

Elle invite aussi les autres partis de l’opposition à en faire autant. Mais jusqu’où pourrait aller l’opposition ivoirienne pour se faire entendre ?

Dr Eddie Guipié est enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.

« Les moyens qui sont à la disposition de l’opposition politique sont nombreux », dit-il.

« Il pourrait s’agir d’une contestation par d’autres voies, notamment une protestation par leurs groupes parlementaires.

Ou par exemple, l’organisation de marches de protestation pour manifester leur mécontentement. C’est ce à quoi beaucoup s’attendent.

Nous sommes tous dans l’expectative car ce nous disons ne sont que des hypothèses », analyse pour 7info l’universitaire.

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Il ajoute aussi que Le PPA-CI affirme avoir demandé des négociations dans le cadre d’un dialogue pour avoir une harmonisation au niveau de la perception de tous les acteurs politiques » sur le processus électoral.

Contre la CEI, l’opposition politique, notamment le PPA-CI et le PDCI, ne cesse de multiplier des reproches.

Ils dénoncent l’établissement d’une liste qui contiendrait des irrégularités et l’absence du nom de certains leaders politiques.

Toute chose qui selon Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ne sont pas de nature à rassurer sur la tenue d’un scrutin transparent, et apaisé à la présidentielle prochaine.

Ces leaders politiques réclament la tenue d’une nouvelle révision de la liste électorale et un audit du fichier.

Proposition à laquelle, l’organe chargé des élections ne répond pas favorablement. En tout cas pas en l’état actuel des choses. Évoquant le manque de temps avant la tenue du scrutin présidentiel.

conformément au code électoral, une période de contentieux sur la liste électorale ouverte a pris fin il y a quelques jours. Il est annoncé la publication du fichier définitif avant fin avril 2025.

« Nous sommes dans une position clivante. La CEI est clivante. Il y a deux points de vue.

D’un côté, le parti au pouvoir qui soutient fermement l’institution qui est encouragée et renforcée dans ces missions et ses attributions.

Selon la position de certains de ses cadres, les incohérences et des scories ou failles constatées sur la liste électorale sont mineures.

Dans certains cas pour le pouvoir, la question est déjà résorbée par le cadre normatif. Il n’y a pas à se faire des soucis qui pourraient donc retarder le processus électoral.

Bien entendu cet avis n’est pas partagé par l’opposition pour qui, ces failles dans la liste électorale ne sont pas mineures.

Elles relèvent d’intentions manifestes de fraude. Vous voyez donc la position est clivante », fait remarquer le politologue ivoirien.

Pour docteur Eddie Guipié, il serait intéressant que les acteurs politiques s’asseyent et discutent pour avoir un processus électoral apaisé.

Richard Yasseu

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