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Le fils Dos Santos jugé pour corruption en Angola

Mis à jour le 10 décembre 2019
Publié le 10/12/2019 à 4:46 , , , , , , , , ,

Ce lundi 9 décembre, le procès de José Filomeno Dos Santos, fils de l’ex-président angolais José Eduardo dos Santos s’est ouvert au tribunal de Luanda pour « détournement de fonds et blanchiment d’argent ». C’est le premier procès visant un membre du clan d’Eduardo Dos Santos qui a régné en maître absolu sur l’Angola durant 38 ans. Alors que sa sœur Isabel dos Santos a également fait l’objet d’une enquête pour corruption, l’on commence à s’interroger. L’actuel Président Joao Lourenço cherche-t-il à se venger pour s’attirer la sympathie du peuple ?

Nommé à la tête du fonds d’investissement souverain angolais en 2013 par son père Eduardo Dos Santos, José Filomeno Dos Santos avait été placé en détention provisoire fin 2018, dans la foulée du limogeage de son père quelques mois plus tôt. Il fut remis en liberté sous contrôle judiciaire en mars 2019 dans l’attente de son procès.

Ce procès a débuté ce lundi 9 décembre, au tribunal suprême de Luanda. À ses côtés dans le box des accusés, trois autres hommes dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale angolaise Valter Filipe da Silva. L’acte d’accusation lu à l’audience soupçonne les quatre hommes d’avoir voulu « s’enrichir personnellement avec l’argent de l’Etat » précise TV5 Monde. « La justice leur reproche d’avoir transféré illégalement 500 millions de dollars de la Banque centrale vers le compte londonien d’une agence du Crédit suisse, dans le cadre d’une fraude qui leur aurait permis, selon le parquet général, de détourner jusqu’à 1,5 milliard de dollars ». Selon le même document, la tentative d’escroquerie maquillée en un plan aurait permis à l’Angola de bénéficier de 35 milliards de dollars de financements.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président Joao Lourenço avait procédé à des limogeages à la chaîne, visant pour la majorité des proches de son prédécesseur Eduardo dos Santos. Des hommes à la tête d’institutions, entreprises publiques et appareil sécuritaire du pays, tous écartés au nom de la lutte contre la corruption.

Le clan Dos Santos avait alors été ébranlé une première fois lorsqu’Isabel dos Santos, fille d’Eduardo dos Santos et femme la plus riche d’Afrique, s’est retrouvée au cœur d’une enquête de détournement de deniers publics. Évincée du poste de Présidente Directrice Générale de la compagnie pétrolière nationale Sonangol à la fin 2017, la sœur de José Filomeno dos Santos s’était exilée en Europe où Dos Santos père l’a rejoint quelques mois plus tard.

Si beaucoup imaginaient que la dynastie Dos Santos règnerait de loin avec l’arrivée au pouvoir de l’ancien ministre de la Défense Joao Lourenço, il n’en fut rien. Selon le média afrik.com, « Si Lourenço a fait son chemin aux côtés de Dos Santos, il sait que son ascension jusqu’à devenir président de la République n’était pas voulue par le Président Dos Santos (…) Ce dernier avait d’abord pensé à son fils Filomeno pour lui succéder, option rejetée d’emblée par les caciques du parti ». Le deuxième choix de Dos Santos père serait ensuite porté sur Manuel Vicente, disqualifié pour corruption, avant de se poser sur Joao Lourenço par défaut.

En 38 ans de règne, le clan dos Santos s’est largement enrichi et contrôlait la majorité des secteurs de l’économie angolaise, « chose que le peuple et l’opposition ne voyaient pas d’un bon oeil ».

Tous les regards sont tournés vers la justice angolaise dans l’attente du verdict. Selon une déclaration à l’AFP du journaliste d’investigation Rafal Marques, ce procès sera « un test de l’efficacité et de l’indépendance de la justice angolaise ».

Manuela Pokossy-Coulibaly

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