Un confrère proche du PDCI-RDA a, dans un post sur Facebook, estimé que son parti est le mieux placé en 2020 pour être l’arbitre de la crise entre le FPI et le RDR. A ses yeux, le PDCI-RDA n’est qu’une grande victime de la palabre entre ces deux partis et est blanc comme neige dans le psychodrame ivoirien. Son parti est clean et les ivoiriens devraient accorder au kayak de l’éléphant, un nouveau mandat. Surement pour rattraper les pertes causées qui ont abouti au coup d’Etat du 24 décembre 1999.
Etre l’arbitre d’un match auquel on a pris part en tant que joueur, bon attaquant de pointe, au golf hôtel durant la crise postélectorale de 2010, même si on se rend compte qu’il y avait de la duplicité de par le comportement peu orthodoxe de certains cadres, laisse perplexe. Juste après la fin de la crise, le parti de Bédié, qui a peur d’un séjour dans l’opposition, aurait pu se démarquer, gardant sa distance d’avec le RDR.
Mais, au nom de la sauvegarde de l’héritage du père fondateur, lequel héritage devrait être défendu par tous les Ivoiriens qui ont bénéficié du parti-Etat dirigé par Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara tient vaille que vaille à au parti RHDP unifié. Or, en face, visiblement, Henri Konan Bédié souffle le chaud et le froid. Il clame sur tous les toits avoir reçu la ferme promesse que son parti (et non lui) bénéficiera de la passe après « les efforts consentis pour les uns et les autres ». A contrario, Ouattara soutient « n’avoir jamais fait de promesse ». OK les vieux !
Question, la Côte d’Ivoire est-elle une République ou un Royaume pour que des ivoiriens rêvent à une transmission traditionnelle et atavique du pouvoir d’Etat ? Que perd le RDR à assumer son bilan si tant est-il qu’il en est le seul exécutant ? Que gagne le PDCI-RDA à revendiquer son droit légitime à diriger la Côte d’Ivoire, mais avec son identité unique ? C’est forcé de marcher avec quelqu’un qui te dénigre la nuit et le jour t’affuble des plus belles paroles ?
Au RDR, la mauvaise politique sociale qui se poursuit avec les déguerpissements forcés et mal menés, sur fond de manipulations, de refus de répondre au salut des militants de base, de manque de communication, a fait le lit à un mécontentement contre le président Ouattara.
Ses partisans lui reprochent son silence face à la gabegie, le népotisme, le clientélisme et la corruption qui ont pris une fusée sous son mandat. Certains de ses très proches sont cités, à tort ou à raison. Mais, en dépit de la pléthore de structures de traque à la corruption, aucun de ces intouchables de la République, n’a été entendu. Laissant du coup la porte ouverte à toutes les supputations possibles.
Au PDCI-RDA, on se croit malin. Les militants du RDR, plus fougueux, sont bons pour la chair à canon et après, leur président doit remettre le pouvoir car, seul le PDCI-RDA a le mérite de savoir diriger ce pays. Les autres sont justes bons pour acclamer. L’opposition, un mot qui ne figure pas dans le lexique du vieux parti qui, même dans le coup d’Etat de décembre 99, a pu subrepticement, placer quelques gars auprès du Général Guéï. Avec le FPI et Laurent Gbagbo, des cadres du PDCI-RDA comme N’zi paul David, qui avait promis « retourner au champ si Gbagbo arrivait un jour au pouvoir », se sont retrouvés à la soupe populaire. Ils étaient nombreux d’ailleurs.
Avec le RDR, le PDCI-RDA refuse d’assumer, à deux ans de la fin du second mandat de la coalition au pouvoir, le bilan collectif. Certains de ses cadres et non des moindres, dénoncent la gestion après y avoir pris part. Mais, Bédié ne franchit pas le rubicond de la rupture attendue pour plus d’autonomie et de manœuvre. On soupe en continuant de cracher dans la marmite et couvrant d’ignominies, le préparateur principal. On est à se demander ce que veut le PDCI-RDA. Le courage qui manque à Guikahué et ses camarades, c’est de lâcher le nom du candidat de leur parti. Sûrement que cela ferait bien réfléchir sur les ambitions que ce parti dessine pour ce pays. La salsa lourde que danse l’éléphant fait désordre. Les ivoiriens voudraient que le PDCI-RDA se détermine une ligne de conduite claire et responsable, houphouétiste certes mais rompant avec le RDR dans le cadre de la gestion étatique.
Alassane Ouattara devra lui aussi mettre fin à ce jeu voilé de clin d’œil à un PDCI dont des cadres refusent le RHDP quand d’autres le soutiennent en jouant aux plus fins. Me Ahoussou-Kouadio Jeannot ne faisait-il pas savoir « qu’en 2020, le Président de la Côte d’Ivoire sera PDCI ? » C’est donc un « anango plan » ourdi qui se dessine. Et c’est là que la fameuse phrase de feu Dr Balla Kéïta prend tout son sens : « un pied dedans, un pied dehors, c’est…. »
Il faut savoir être responsable un Jour au nom de l’intérêt commun : la Côte d’Ivoire.
Adam’s Régis SOUAGA